Passant nerveusement les mains sur le tissu de sa robe comme pour enlever un pli qui n’existe pas, Meropée tente de contrôler sa respiration afin d’évacuer le stress qu’elle ressent. Elle échange un regard avec une de ses copines, voyant qu’elles partagent la même émotion. Sauf que l’angoisse de son amie est sans doute occasionnée par l’exposition qui va ouvrir ses portes d’une minute à l’autre. C’est vrai que la chose est stressante en soi : un jury composé de réputés photographes viendra évaluer le travail des étudiants qui exposent aujourd’hui et offriront une bourse ainsi qu’un stage à leur coup de cœur. Meropée rêve d’obtenir ce privilège, mais ne ressent aucune anxiété face à l’issue de cette soirée : son travail est déjà fait, et elle n’a aucun contrôle sur les goûts personnels des juges. Elle-même est fière de son travail, c’est tout ce qui compte à ses yeux. Peu importe le choix que feront les photographes, elle ne changera pas d’opinion quant à la qualité de son travail.

Ce qui cause son stress, c’est le message qu’elle a laissé un peu plus tôt sur la boîte vocale de Drosos. Elle n’a cessé de se maudire depuis, se trouvant complètement idiote d’avoir ainsi agi sur un coup de tête. À la limite, elle aurait pu lui laisser un petit message pour lui suggérer de venir voir son travail, sans plus. Mais non, il a fallu qu’elle devienne sentimentale, qu’elle laisse paraître à quel point il serait important pour elle qu’il soit à ses côtés… Quelle idiote, vraiment! Le pire, c’est qu’il n’a donné aucun signe de vie depuis. Peu importe la décision qu’il prendra, il s’agira d’une surprise pour la jeune femme.

Drosos écoutait attentivement pour la troisième fois le message que la jolie Meropée lui avait laissé sur son répondeur. Elle était mignonne, à hésiter d'une telle façon pour au final juste lui demander de venir à cet événement. Il était vrai qu'elle aurait pu faire beaucoup plus simple, après tout, elle aurait pu lui dire 4 mots comme ' ce soir tu viens ', et il serait venu, mais c'était peut être ce qui faisait le charme de la jeune femme. Il ne lui répondit pas, se disant qu'il allait lui faire une surprise en venant, ne s'imaginant pas une seconde que ne pas donner de réponse pouvait lui faire croire qu'il n'allait pas venir. Il tenta tant bien que mal de s'occuper toute la journée pour ne pas penser à cette soirée.

Et c'était le moment. Dans son plus beau costume qu'il avait sortit exprès pour l'occasion, il pénétra dans le lieu, ne sachant pas s'il était en avance, en retard, ou à l'heure puisqu'elle ne lui avait pas donné d'heure dans son message. Il fixa son téléphone quelques secondes, avant de s'avancer pour regarder les différentes photos exposées. Puis, il reconnu Meropée de dos, et s'avança vers elle, posant une de ses mains sur ses hanches avant de se pencher en avant... eh meeeeeeerde, c'était paas elllleee... Il s'excusa, et partit rapidement pour chercher sa patiente, tout en essayant de ne pas reproduire la même erreur. Et enfin, il la vit - la vraie -, il s'avança en souriant vers elle, et se pencha pour déposer un baiser sur sa joue. « bonsoir ! est ce que je suis en retard ? »

« bonsoir ! est ce que je suis en retard ? » En entendant sa voix, Meropée sent son cœur faire un bond dans sa poitrine, alors qu’un large sourire vient prendre place sur son visage. Le baiser qu’elle reçoit sur la joue est bien fade en comparaison à celui qu’elle espérait recevoir, mais cette marque d’affection, aussi chaste soit-elle, est une preuve que leur relation a bien changée depuis la dernière fois qu’ils se sont vus. Ce fameux jour, où elle a fait une crise, où il l’a embrassée pour la première fois… Elle ne garde qu’un souvenir flou de leur baiser, parce qu’elle était affaiblie par sa maladie. Elle a même fini par s’endormir, pour se réveiller dans le lit de Drosos ! Évidemment, les choses n’avaient pas été plus loin entre eux : elle s’était réveillée seule, et habillée. Et même si elle avait voulu qu’ils aillent plus loin, elle n’en avait pas l’énergie, encore sous le choc de la crise due à sa maladie.

Sauf que, ce soir, le simple contact de sa joue avec les lèvres de Drosos suffit pour qu’une décharge de désir se propage en elle. Elle sent le rouge lui monter aux joues à cette pensée, et regrette qu’ils ne soient pas seuls pour qu’elle puisse céder à ses envies. Peut-être plus tard… « Non. », répond-t-elle simplement, n’insistant pas sur le fait qu’elle s’est torturée toute la journée à se demander s’il viendrait ou non. « Tu as fait garder les enfants? »

Spoiler:

« Non. » Il fut soulagé d'apprendre qu'il n'était pas arrivé en retard. C'était quelque chose d'assez récurent chez lui, sans qu'il n'arrive à déterminer pourquoi. Il pense chaque fois avoir largement le temps, et puis finalement, il traîne tant qu'il parvient à arriver plus d'une demi-heure après l'heure du rendez-vous. Il observa un instant Meropée. Elle était belle. Comme toujours d'ailleurs, et il se demanda s'il fallait qu'il lui dise. Elle le savait sûrement déjà, après tout, peut être que d'autres lui avaient dit. Une pointe de jalousie grandit chez lui jusqu'au moment où elle le sortit de ses pensées. « Tu as fait garder les enfants ? »

...

« MERDE » Mais quel con ! Il avait oublié de faire garder les enfants, il les avait oublié ! Comment avait-il pu oublier ses enfants ? Avait-il était si obnubilé par l'idée de voir la jeune femme ce soir qu'il avait complètement ignoré la présence des deux petits monstres qui lui traînaient toujours dan les pattes ? Il se prit la tête entre les mains, complètement abattu. « mais comment j'ai pu oublié ça ? » Il se retenait de tourner en rond, ou de simplement repartir pour aller voir si tout allait bien. Il téléphona à la maison, mais personne ne répondit. L'angoisse montait en lui. « par pyrrha, il a du se passer quelque chose ! » Il essaya une nouvelle fois de téléphoner chez lui, mais encore une fois personne ne décrocha. Et finalement, il se décida à appeler sa femme - enfin, ex femme - qui lui annonça que les enfants étaient chez elle... depuis deux jours. Il leva ses yeux désolés vers Meropée, et s'avança vers elle et l'embrassa légèrement. « désolé pour la frayeur... »

« MERDE » Sur le coup, Meropée pensait à une blague. Comment un papa aussi gaga face à ses enfants aurait pu oublier une telle chose?! Par ailleurs, elle n’avait posé la question que pour entamer la conversation de façon légère, elle aurait tout aussi bien pu lui poser une question sur la température qu’il faisait. Mais vu l’air franchement inquiet de Drosos, la jeune femme savait que ce n’était pas le temps de rigoler.« Mais comment j'ai pu oublié ça ? » En effet, elle se le demande bien… Ne sachant que dire, que faire, Meropée observe Drosos alors qu’il fait ses appels, l’angoisse montant chez la jeune femme au même niveau que chez Drosos. « Par Pyrrha, il a du se passer quelque chose ! » Elle hoche la tête, prenant l’une des mains du docteur dans les siennes. « Tout va bien, sans doute que Linos a décroché le téléphone sans faire exprès. Laisse moi attraper mon sac, et on va voir. » Et rater la soirée? Oui. Elle s’en fiche désormais, parce que même si ces enfants ne sont aucunement reliés à elle, elle les aime beaucoup, surtout la petite gamine qu’elle ne peut cesser de cajoler chaque fois qu’elle la voit.

Lorsqu’elle comprend enfin que les enfants ne sont pas en danger, Meropée soupire de soulagement, un sourire moqueur étampé sur son visage. « Désolé pour la frayeur... » Elle dévisage longuement Drosos d’un regard amusé et railleur, avant de passer une main derrière sa nuque pour l’attirer vers elle, pour encore partager un bref baiser. « Désolé? Tu es désolé d’avoir oublié que tes enfants sont en sécurité et loin de toi depuis deux jours déjà?! » Elle ne dit pas cela sur un ton de reproche, au contraire, l’amusement qu’elle ressent paraît dans chaque mot prononcé. « C’est l’âge qui te fait perdre la mémoire? »

« Tout va bien, sans doute que Linos a décroché le téléphone sans faire exprès. Laisse moi attraper mon sac, et on va voir. » Il était tellement perturbé et paniqué de réaliser qu'il avait réussit à oublier ses enfants qu'il n'entendait même pas ce qu'elle était en train de lui dire. Ses enfants, ses propres enfants. Comment est ce qu'il avait pu les oublier ? ILS ÉTAIENT DEUX ! Et ils étaient toujours tellement bruyant. Ils étaient tellement présents dans sa vie, qu'il était lui même choqué de réaliser qu'il avait réussi à les oublier. Et rapidement, il apprit qu'ils étaient chez son ex-femme, depuis deux jours, en sécurité, en compagnie, sûrement en train de s'amuser.

Il s'excusa auprès de Meropée pour lui avoir fait une grosse frayeur. « Désolé ? Tu es désolé d’avoir oublié que tes enfants sont en sécurité et loin de toi depuis deux jours déjà ?! » Et baissa sa tête pour regarder le bout de ses chaussures en se sentant totalement coupable et honteux. « C’est l’âge qui te fait perdre la mémoire ? » Une moue boudeuse s'installa sur son visage. « je ne suis pas si vieux que ça... » Après tout, il n'avait que 10 ans de plus qu'elle. 10 ans, qu'est ce que c'était ? Rien, rien du tout, un clin d’œil, une bagatelle. « et puis tout ça c'est sûrement à cause de toi que je les ai oublié ! » Il attrapa sa main tout en lui lançant : « bon, montre moi un peu ! »