Née dans la ouate, élevée dans le confort le plus total, Noah eut une enfance des plus heureuses. Il suffisait qu’elle demande quelque chose pour qu’elle l’obtienne en triple, tellement ses parents faisaient tout pour qu’elle soit pleinement satisfaite et comblée. Elle aurait donc pu devenir une jeune femme complètement vaniteuse et narcissique. Pourtant, ce n’est pas le cas. Au contraire, Noah est très agréable, étant généreuse de nature et très aimable. Toutefois, son habitude face au luxe peut faire en sorte qu’elle paraisse parfois snob, mais cela ne part pas d’une mauvaise intention : c’est simplement qu’elle ne connaît pas autre chose. Comme elle ne travaille pas, elle passe beaucoup de temps à s’instruire pour son propre plaisir. Très croyante envers Pyrrha, elle passe également beaucoup de temps à l’Église, non pas simplement pour se soumettre aux désirs du roi, mais par réelle conviction.

« Maman ? Pyrrha, elle est gentille, hein ? » La duchesse Milas hoche la tête, dévisageant légèrement sa fille unique. Quelle question ! Noah a été élevée dans le respect total de la religion, pourquoi doute-t-elle soudainement de son unique Déesse ? « C’est juste que je ne comprends pas pourquoi le papa d’Era dit que c’est à cause de Pyrrha qu’il tue tous ces gens. Si elle est gentille, elle ne voudrait pas ça… » Affolée, la duchesse regarde rapidement autour d’elle, s’assurant qu’aucune oreille indiscrète n’a entendu les paroles de sa fille. « Noah ! Ne dis plus jamais une telle chose, tu m’entends ? Pyrrha décide de tout, c’est compris ? Tu n’as pas le droit de remettre ses choix en doute. Et ce n’est pas « le papa d’Era », mais bien ton roi, c’est comme Pyrrha, tu dois suivre tout ce qu’il décide sans discuter. Je ne veux plus jamais t’entendre blasphémer, compris ? » Même si elle n’était à l’époque âgée que de dix ans, Noah était suffisamment intelligente et critique pour avoir mille raisons de réfuter les paroles de sa mère. Accepter d’être aveuglée, alors qu’aucun argument logique ne s’offre à sa compréhension ? Non merci. Toutefois, elle hoche la tête, promets à sa mère, et n’en parle plus jamais. Il faut dire que son père est très proche du roi, ainsi de tels questionnements pourraient mettre toute sa famille en danger.

Si elle n’ose plus critiquer ouvertement l’interprétation erronée qu’on fait de sa religion, Noah a grandi en nageant dans l’incompréhension. En tant que fille d’un ami du roi, elle passait beaucoup de temps au château, se liant ainsi d’amitié avec Era, la princesse, ainsi qu’avec Thésis. Les trois formaient un trio d’enfer, s’éclipsant souvent au regard de leurs parents pour multiplier les rires et les bêtises commises. Peu à peu, Noah développa des sentiments puissants pour Thésis, se sentant irrémédiablement attirée par lui dès qu’elle amorça sa puberté. Encore aujourd’hui, cette attirance est intacte, mais elle ne l’a jamais dit à personne. Si Noah était une enfant sociable, amusante et attachante, elle se métamorphosa au fil des années pour devenir une jeune femme très classe, assumant bien son rôle de duchesse.

La seule ombre au tableau de sa vie aux apparences parfaites, c’est que ses parents, croyant fortement aux règles de bienséances et à l’importance du statut social, se sont mis en tête de lui arranger un mariage… Elle ignore tout de son fiancé, mais sais qu’elle est déjà promise à quelqu’un. Son unique certitude face à son mariage est la suivante : elle n’en veut pas, et fera tout pour l’empêcher. Mais encore faut-il qu’elle trouve le moyen d’exercer un peu de contrôle sur sa propre vie…