C'était avec une énorme tasse de café au creux de la main qu'il regardait son adorable Astería jouer dans son parc. Elle était si mignonne que ses yeux ne voulaient pas arrêter de la fixer. Doucement, il s'approcha d'elle, passant ses doigts sur le haut de la tête de l'enfant, profitant de la peau douce et chaude avant de la quitter pour aller s'installer dans un gros fauteuil non loin d'elle. Sa fille. La prunelle de ses yeux. Il ne savait même plus lorsqu'il avait commencé à autant l'aimer. Peut être était-ce première fois où il avait posé les yeux sur elle, ou lorsqu'il l'eut enfin au creux de ses bras, si jolie et si fragile. Son premier sourire peut être, ou son premier rire, lorsqu'elle attrapait son doigt avec sa main minuscule. Ou alors c'était un mélange de tout cela qui faisait que ses sentiments pour sa fille étaient aussi forts.

Il croisa ses jambes, avalant une gorgée de son café qu'il jugea dosé avec justesse de lait et de sucre. Il se brûla un peu, mais n'y fit pas grande attention, continuant plutôt de surveiller sa fille avec beaucoup d'attention. Il entendit à l'étage les pas lourds de son fils qui venait de se lever, et soupira si fort qu'il entendit le gamin râlé contre lui. Un sourire éclaira alors son visage. Il secoua un peu la tête en continuant de siroter son café. Il savait que son fils ne descendrait pas de sitôt. Il allait peut être même se rendormir un moment, mais il n'allait pas l'en empêcher. Il était un papa bien trop amoureux de ses enfants pour leur reprocher réellement quoique ce soit. La sonnerie de la porte d'entrée raisonna dans toute la maison. Il posa sa tasse sur le bord de la table, et se leva de son fauteuil pour aller ouvrir la porte. Il fit un grand sourire à son invité, Meropée, une de ses patientes - et il ne se l'avouerait pas mais il aurait aimé plus -, se décalant pour pouvoir la laisser entrer chez lui, la laissant prendre ses aises dans le même temps.

« Bon matin! », lance-t-elle en guise de bonjour, entrant dans la maison de son médecin. Elle connaît bien les lieux, parce qu’elle vient très régulièrement le voir à son bureau personnel depuis qu’elle se fait soigner par lui. Ainsi, elle sait exactement où déposer sa veste, et où aller si elle veut se servir une tasse de café. C’est un peu étrange, parce que normalement une relation entre un docteur et un patient se résume à l’examen médical et à son suivi. Entre Drosos et Meropée, cependant, la réalité est toute autre. Depuis longtemps ils ont laissé une complicité naître entre eux, et ils agissent plutôt comme des amis. Le côté professionnel de leur relation n’est pas vraiment présent, malgré le respect qu’elle éprouve pour son médecin. « Je peux m’en servir un? », demande-t-elle en faisant référence au breuvage. La question n’est posée que pour la forme, car déjà elle se dirige vers la cuisine pour se servir une grande tasse de café, qu’elle hume ensuite avec délice. Depuis longtemps elle s’est habituée à l’amertume du breuvage, qu’elle boit noir.

« Elle est tellement belle! », dit-elle en observant la petite qui lui renvoie un regard timide. C’est toujours la même chose, lorsqu’Astéría la voit, elle est tranquille, réservée. Mais à chaque fois, sa timidité fond face aux sourires de Meropée, et alors la bambine se laisse apprivoiser. La jeune femme a le tour avec les enfants, et ceux de Drosos n’échappent pas à la règle.

« J’aurais peut-être dû annuler notre rendez-vous. Je n’ai pas eu de symptômes depuis quelques jours. » C’est exactement là où réside le plus grand mystère de sa maladie. Parfois, elle peut passer plusieurs jours d’affilée à se sentir terriblement mal, alors que d’autres elle se sent en pleine forme et n’a absolument aucun problème de santé. En quatre ans de traitements, jamais son médecin n’a pu mettre un nom sur sa maladie. Enfin, c’est ce qu’elle croit… « Mais je suis tout de même heureuse de te voir, hein ! »

« Bon matin ! » Il lui répondit d'un simple sourire, accompagné d'un hochement de tête, fermant la porte derrière elle une fois qu'elle fut à l'intérieur, la laissant tranquillement prendre ses aises dans sa maison. Il la fixa lorsqu'elle se dirigea vers la cuisine, gardant son sourire plaqué sur ses lèvres. Elle était belle, il ne pouvait pas le nier, et il ne pouvait pas s'empêcher de l'admirer. Et ce n'était pas quelque chose dont il pouvait se vanter. Parce qu'il n'était pas quelqu'un de bien, malgré le fait qu'il soit médecin. Il a nuit à autant de vie qu'il en avait sauvé, il profitait de la faiblesse de ses patients pour les voler. Et il ne parlait pas d'argent, parce que ça, l'argent, il n'en avait pas besoin, il en avait bien assez. Il volait une chose qu'il jugeait bien plus précieuse : l'énergie des agrios. Et la belle Meropée en faisait partie.

Certes, dans ce cas précis c'était pour l'aider, pour lui sauver la vie, mais ce n'était pas pour cette raison que le vol se faisait légal. Il aurait pu lui en parler, lui dire toute la vérité et la façon dont il la ' soignait ' mais il avait préféré le cacher, prétendre que sa maladie était incurable juste pour profiter de son énergie plus longtemps, indéfiniment s'il en avait la possibilité, espérant juste que la jeune femme ne demanderait jamais les réponses aux questions qu'elle était en droit de se poser. Ses pensées l’amenèrent bien loin de la réalité, et lorsqu'il réalisa que la jeune femme lui avait posé une question, il répondit un « bien sûr » lorsqu'elle eut déjà une tasse dans la main. Il garda ses yeux sur elle, son regard s'attendrissant lorsqu'elle l'entendit dire que sa fille était belle. Il le savait, il ne pouvait pas le nier. Sa fille était la chose la plus parfaite qui était entrée dans sa vie, et rien ne pourrait jamais lui faire concurrence.

C'état peut être un peu malsain d'être aussi accro à son enfant, de s'en occuper autant et de réaliser qu'il était le centre de son monde. Mais il s'en fichait, c'était la seule chose qui donnait un but à sa vie. Elle, et son fils, bien entendu. « J’aurais peut-être dû annuler notre rendez-vous. Je n’ai pas eu de symptômes depuis quelques jours. Mais je suis tout de même heureuse de te voir, hein ! » Il secoua doucement sa tête de gauche à droite. « on n'annule jamais un rendez-vous. ce n'est pas parce que tu n'as pas les symptômes que rien ne se passe » Un sourire étirait ses lèvres pour casser le côté un peu moralisateur de sa phrase. Il savait qu'elle aurait pu ne pas venir, elle n'en ressentait pas le besoin, mais lui avait besoin de sa présence, besoin d'aspirer son énergie pour en faire la sienne. Il était devenu accro. Si accro qu'il était parfois inquiet de lui en prendre trop.

« puisque tu as dit n'avoir aucun symptôme, on va passer l'étape examen et se la couler douce » Il était frustré, en vérité, de ne pas pouvoir lui prendre son énergie, et il s'inquiétait. Peut être que sa maladie était passée, et qu'elle n'aurait plus jamais ce surplus qui faisait toute sa joie. Mais il devait penser à autre chose, faire autre chose pour ne pas que sa frustration se ressente. Il se dirigea vers sa fille, et la souleva avec tant de facilité qu'elle aurait très bien pu n'être qu'une simple brindille. Et, prenant un voix plus aiguë, il s'adressa à elle : « regarde princesse, c'est Meropée ! » Il la tendit à la jeune femme alors que l'enfant se tortillait timidement, n'ayant pas l'air de vouloir quitter les bras de son père. Et c'était dans ses moments là qu'il réalisait qu'il la surprotégeait peut être un peu trop...

« On n'annule jamais un rendez-vous. ce n'est pas parce que tu n'as pas les symptômes que rien ne se passe » Meropée meurt d’envie de répéter les paroles de Drosos avec un accent moqueur, mais elle s’abstient. Elle aime son côté protecteur, elle s’en sent parfois flattée. Une partie d’elle-même sait que c’est simplement son rôle professionnel d’agir ainsi, mais elle aime bien se faire croire qu’il se soucie véritablement de sa santé et qu’il prend sa maladie à cœur. Si seulement elle savait… Comment réagirait-elle en découvrant que non seulement Drosos connaît sa « maladie », mais qu’il s’en sert depuis tout ce temps pour saper son énergie ? Comme réagirait-elle en comprenant que celui en qui elle fait tellement confiance la trompe depuis tout ce temps, et qu’elle n’a rien vu ? Impossible de le savoir, car si la jeune femme a un caractère enflammé et la réputation d’être très rancunière, on ne peut prédire comment l’attachement qu’elle ressent envers le docteur influencerait sa réaction. Peut-être devra-t-elle affronter cette situation un jour… Mais pour l’instant, elle vit dans une douce insouciance.

« Puisque tu as dit n'avoir aucun symptôme, on va passer l'étape examen et se la couler douce » Elle hoche la tête, satisfaite. Les examens et les soins que lui fait souvent subir son médecin lui apportent énormément de bien, mais elle n’a rien contre le fait de ne pas en faire aujourd’hui. « Toujours pas d’idée sur ce que je peux avoir ? » Ça fait un long moment qu’elle n’a pas posé de question quant à la nature de sa maladie. Elle a accepté depuis longtemps qu’elle souffre d’une chose rare et inexplicable, et à dire vrai c’est la curiosité qui la pousse à questionner son médecin. Une tierce personne pourrait croire qu’elle a des doutes et qu’elle cherche à lui tirer les vers du nez, mais il n’en est rien. Elle est simplement curieuse de nature, et aimerait vraiment pouvoir mettre un mot sur ce qui lui cause tant de problèmes.

Meropée observe Drosos alors qu’il saisit sa petite princesse. Encore une fois, elle est émerveillée par la perfection de la petite : son regard adorablement timide, ses traits parfaits, les cheveux fins, le sourire maladroit. Elle est adorable, rien de moins. « Regarde princesse, c'est Meropée ! » La jeune femme tend les bras, prenant doucement la gamine entre ses bras. Elle meurt d’envie de la serrer contre elle ou de l’embrasser sur ses joues dodues, mais elle s’abstient. Elle préfère que l’enfant s’habitue à sa présence avant de risquer de se rapprocher, ainsi elle ne causera pas de crise de larme. « Bonjour petite grenouille. », dit-elle d’une voix douce mais enjouée, fronçant le nez et les sourcils pour offrir une petite grimace à la gamine, qui part dans un éclat de rire. « Je l’adore. Tu crois que je pourrai avoir des enfants, même avec ce que j’ai ? »

« Toujours pas d’idée sur ce que je peux avoir ? » Il s'était raidi à l'entente de cette question, et l'enfant fut ne bonne distraction cette fois-ci. Voulant s'accorder un certain temps pour répondre à cette question - ne pas y répondre paraîtrait un peu étrange pour le gentil médecin qu'il était - il tendit la fillette vers la jeune femme qui la prit dans ses bras. Il glissa ses mains dans ses poches, se balançant d'un pied à l'autre, n'arrivant pas à se concentrer sur un possible mensonge qui n'éveillerait aucun soupçon parce qu'il était trop perturbé par la vision de deux perfections réunies. Il sourit doucement, ne pouvant pas s'en empêcher. Mais il eut un rapide rappel à l'ordre lorsqu'il l'entendit de nouveau lui poser une question. « Je l’adore. Tu crois que je pourrai avoir des enfants, même avec ce que j’ai ? »

Cette question fut d'une simplicité déconcertante, contrairement à la première, mais comme elle ignorait qu'elle était la nature de sa maladie, elle était en droit de se poser se genre de question. Son sourire se changea un peu, passant de totalement attendri à quelque chose de plus rassurant. « je pense que ta maladie n'a aucune incidence sur le fait d'avoir ou non des enfants, après, tu peux très bien avoir d'autres problèmes. » Son imprévisibilité chaotique lui causait de nouveau des tords. Comment pouvait-il rassurer une femme en lui disant ' oui tu peux avoir des enfants, mais peut être non parce que tu peux avoir d'autre problèmes ! surpriiise ! ' C'était sûrement à cause de ce genre de phrases que sa femme l'avait quitté. Elle devait être lassée de ne jamais le voir agir comme il le fallait dans les bons moments.

Il tentait toujours de trouver une réponse à sa première question, et au vu de sa réponse à la seconde, il s'inquiétait de savoir ce qu'il pourrait bien lui raconter. Il ne voulait pas faire d'erreur, d'une part parce qu'il ne voulait pas perdre sa source d'énergie, et d'autre part parce qu'il n'avait vraiment pas envie que cette femme disparaisse de sa vie, parce qu'elle était là depuis longtemps maintenant. « j'ai fais des recherches, et je n'ai rien vu qui pourrait correspondre à ce que tu as. mis à part peut être un excès de fer dans le sang, mais on a déjà fait les tests pour ça. » Oh oui ! Il avait réussis ! Haut la main même ! Il lui fit un sourire désolé, désolé lui même de se réjouir de si peu.

Il s'inquiétait tout de même des symptômes de sa maladie, craignant que s'ils venaient à s'aggraver, il serait obligé de la soigner, ne voulant pas nuire à sa vie et à sa santé plus que cela. Alors, il lui demanda : « Est ce que tes symptômes se sont aggravés par rapport à avant ? Je sais que tu n'en a pas eu depuis un moment, mais peut être que tu as remarqué un changement ? »

« Je pense que ta maladie n'a aucune incidence sur le fait d'avoir ou non des enfants, après, tu peux très bien avoir d'autres problèmes ». Si la première partie de cette phrase rassure Meropée, la seconde a l’effet contraire. D’autres problèmes ?! Les nombreux symptômes dont elle souffre déjà ne sont pas suffisants ? Elle arrive difficilement à croire qu’après toutes ces années, non seulement la technologie pourtant avancée ne lui permet pas de se soigner avec de la médication, mais qu’en plus sa maladie va sans doute empirer avec le temps ! Elle soupire longuement, arrachant une petite moue triste à la jeune Astéría. « J'ai fais des recherches, et je n'ai rien vu qui pourrait correspondre à ce que tu as. Mis à part peut être un excès de fer dans le sang, mais on a déjà fait les tests pour ça. » Elle hoche la tête, refoulant le découragement qu’elle sent naître en elle. Oui, ils ont fait les tests pour ça, tout comme ils ont fait des tests pour une multitude d’autres maladies potentielles. Tous les résultats ont été sans succès, le mystère persiste.

« Est ce que tes symptômes se sont aggravés par rapport à avant ? Je sais que tu n'en a pas eu depuis un moment, mais peut être que tu as remarqué un changement ? » Meropée hausse les épaules, détachant son regard de la gamine pour observer son docteur. « Pas vraiment. Comme d’habitude, ça vient, ça part… Aujourd’hui je vais bien, mais j’ai l’impression que depuis quelques semaines, mes poussées de symptômes sont plus importantes que d’habitude. Comme si ça gagnait en force… » À dire vrai, il est très fréquent désormais qu’elle s’évanouisse tant la violence de ses symptômes est intense. « J’ai parfois l’impression d’être paralysée, comme si la douleur m’empêchait de bouger. Si je me concentre suffisamment, j’arrive à bouger mes membres, donc ce n’est pas une paralysie réelle, seulement mentale je crois. » Malgré l’intensité de ses propos, Meropée parle d’une voix douce, sans doute pour ne pas inquiéter sa petite grenouille. Mais l’inquiétude se lit réellement sur ses traits, la plongeant dans un silence soucieux durant quelques instants.

« J’ai peur. », dit-elle finalement. Peur de quoi ? De sa vulnérabilité, de l’ampleur de son mal, de ne pas pouvoir mettre un mot dessus… Peur d’être seule, peur que son médecin s’épuise d’elle et relègue son dossier à un autre, peur de ne jamais pouvoir se dissocier de sa maladie pour pouvoir avoir une vie à peu près normale. « Ce serait quoi les autres problèmes à venir ?, dit-elle, faisant référence à ce que Drosos a dit précédemment.

« Pas vraiment. Comme d’habitude, ça vient, ça part… Aujourd’hui je vais bien, mais j’ai l’impression que depuis quelques semaines, mes poussées de symptômes sont plus importantes que d’habitude. Comme si ça gagnait en force… » Il hocha tranquillement la tête pour lui montrer qu'il était attentif à tout ce qu'elle disait. Et la fin de sa phrase confirma bien ce qui l'inquiétait, sa façon d'agir la mettait peut être en danger. Après tout, cela faisait maintenant 4 ans qu'il profitait honteusement de sa situation, il était certain qu'à un moment, il aurait un retour de manivelle qui lui ferait bien mal. Il aurait juste espéré que ça n'arrive pas si tôt, et que avant ce moment, il aurait trouvé une solution pour cette énergie dont il avait tant besoin. « J’ai parfois l’impression d’être paralysée, comme si la douleur m’empêchait de bouger. Si je me concentre suffisamment, j’arrive à bouger mes membres, donc ce n’est pas une paralysie réelle, seulement mentale je crois. »

Sa lèvre se coinça automatiquement entre ses dents. Il avait de la peine pour elle, mais dans un même temps, il la haïssait d'être aussi faible face à la douleur. Ne pouvait-elle pas résister un peu ? Ne pouvait-elle pas penser à lui qui avait tellement besoin de cette maladie ? A cause de ce besoin d'énergie, il se sentait comme un drogué qu'on essayait de sevrer, mais ce qui l'énervait vraiment dans cette situation, c'était cette cruauté qui se développé tout au fond de lui. « J’ai peur. » Il entendait. Elle avait peur, mais lui aussi. « Ce serait quoi les autres problèmes à venir ? » Il s'approcha lentement d'elle, retirant l'enfant de ses bras pour la reposer sur la terre ferme, entourée de tout ses jouets qui l'intéressaient bien plus que cette conversation entre adultes. Meropée avait l'air si fragile, si fragile qu'il ne pu s'empêcher de la prendre dans ses bras un instant, caressant doucement ses cheveux avant de s'éloigner d'elle tout en la tenant entre ses mains.

« ne t'inquiète pas pour ça, je ferais tout pour trouver la solution. » Il lui fit un grand sourire, ne voulant pas qu'elle continue à s'inquiétait alors que lui savait qu'en vérité ce n'était rien. Mais qu'allait-il faire ? Pouvait-il lui dire que tout était sa faute ? Pouvait-il annoncer du jour au lendemain qu'il avait la solution à ce problème, comme si il avait créer toute la réponse comme par magie ? « de nos jours, on peut absolument tout guérir, et tu ne seras pas une exception, on trouvera forcément quelque chose un jour ! » Il passa une main dans ses cheveux, et la retira, retournant à sa table pour attraper sa tasse de café, plongeant sa tête à l'intérieur en prenant une gorgée du liquide maintenant froid, grimaçant en avalant.

Blottie dans ses bras espace de quelques instants, Meropée ferme les paupières, profitant de la chaleur de Drosos, humant son odeur. Elle ne saurait dire avec exactitude à quel moment elle a commenté à sentir une attirance envers lui, cela remonte à si longtemps… Une attirance qu’elle n’a jamais vraiment assumée, parce qu’ils ont dix ans d’écart d’âge, parce qu’il est marié, parce qu’il est hiérarchiquement supérieur à elle et que leur relation n’est que professionnelle. Une attirance qui est toutefois bien présente, qui refuse de s’éloigner malgré le raisonnement de la jeune femme. Ainsi, chaque fois qu’elle peut profiter d’un court instant de proximité, elle le fait, comme en cet instant. Évidemment, l’étreinte ne dure que quelques instants, un moment beaucoup trop bref pour la jeune femme, mais qui la laisse néanmoins grisée de l’odeur et de la présence du docteur. Elle sait que ses joues sont désormais rouges, espère que Drosos ne fera aucun commentaire à ce sujet. Elle se demande souvent s’il a deviné son attirance, s’il ferme volontairement les yeux sur celle-ci ou s’il en est simplement inconscient…

« Ne t'inquiète pas pour ça, je ferais tout pour trouver la solution. » Elle adresse un sourire à Drosos, répondant simplement un « Merci. » « De nos jours, on peut absolument tout guérir, et tu ne seras pas une exception, on trouvera forcément quelque chose un jour ! » Elle hoche la tête, bien d’accord avec les paroles de Drosos. Elle a confiance en lui et en la médecine, elle sait bien qu’un jour elle pourra être guérie, ou du moins traitée adéquatement. Certes, ses symptômes sont dérangeants et douloureux, mais un jour ou l’autre cela ne sera que de l’histoire ancienne. « Supposons qu’on trouvait un traitement miracle. Voudrais-tu toujours me voir, même si je n’étais plus ta patiente? » C’est l’une des premières fois qu’elle lui pose une question aussi directe n’ayant aucun rapport avec leur relation docteur-patiente. Sans doute que la courte étreinte lui est montée à la tête…

Spoiler:

Mais qu'est ce qu'il lui avait pris ? Pourquoi est-ce qu'il l'avait pris dans ses bras comme ça ? On ne traitait pas ses patients de cette façon. Bon. Certes. Elle n'était pas une patiente banale. Il la suivait depuis longtemps, ils était depuis un moment maintenant sorti du simple cadre patient-docteur vu la façon dont ils discutaient ensemble, mais il restait quand même son docteur, celui qui était sensé la soigner. Mais malgré cela, ce n'était pas pour autant qu'il n'avait pas apprécié la caresse de ses cheveux entre ses doigts. « Merci. » Il hocha la tête, son nez toujours plongé au fond de sa tasse, recueillant les dernières gouttes de son café avant de la reposer tranquillement sur la table, sa gêne ayant disparu.

« Supposons qu’on trouvait un traitement miracle. Voudrais-tu toujours me voir, même si je n’étais plus ta patiente ? » Il fut surpris de la question, ne sachant au départ pas comment lui répondre. Qu'est ce qu'elle attendait et... Mais pourquoi est ce qu'elle lui posait une question de ce genre ? S'inquiétait-elle de ne plus le revoir ? Un petit sourire étirait le coin de ses lèvres, alors qu'il se traitait mille fois d'idiot pour avoir de pareils espoirs. « Les miracles n'existent pas, il y a seulement du bon travail » Il lui fit un grand sourire, conscient qu'il n'avait absolument pas répondu à sa question. « Est ce que ça t'inquiète de ne plus me voir ? »Eh oui, il était bien trop joueur pour lui répondre directement. Ce n'était pas son genre, après tout.

« Les miracles n'existent pas, il y a seulement du bon travail » Meropée laisse échapper un petit rire, levant les yeux au ciel. Le sourire en coin de Drosos la fait craquer, ainsi que son sens de la répartie. Il sait très bien que ce n’est pas ce qu’elle voulait dire par là, qu’il évite volontairement sa question… Ce qui lui fait doublement regretter de l’avoir posée! C’est idiot, parfois elle se sent égale à lui, lorsqu’ils ne font que discuter sans se casser la tête. À d’autres moments, toutefois, elle se sent plutôt vulnérable, et si petite… Comme en cet instant, où elle se sent toute intimidée face à lui, parce qu’elle a l’impression d’avoir tendu une perche qu’il n’a volontairement pas saisie.

« Est ce que ça t'inquiète de ne plus me voir ? » Meropée hésite, ignorant si elle doit contourner elle aussi la question ou jouer franc jeu. « Évidemment. », répond-t-elle, faisant simplement preuve de la franchise qui a toujours modulé son caractère. « Peut-être que pour toi je ne suis qu’une patiente, mais je ne sais pas, j’ai l’impression qu’il y a plus entre nous. » Cette conversation qui jusque là était simple vient de prendre une autre tournure, sans même que Meropée ne le prévoie. Fichue manie de parler plus vite qu’elle ne réfléchit… Quant à savoir qu’est ce que ce « plus » signifie à ses yeux, il faudrait le lui demander pour le savoir. « Ça ne te ferait rien, à toi? »

Elle était tellement mignonne juste là, maintenant, et il se rendait compte à quel point c'était mal de s'amuser comme ça de sa gêne. Avec ses bras croisés sur son torse, il la fixait alors que son sourire en coin s'agrandissait de plus en plus. Comment allait-elle lui répondre ? Il fit un pas dans sa direction, tout petit, alors qu'il décroisait les bras pour paraître un peu moins impressionnant, les glissant tout au fond de ses poches. Ses yeux étaient plongés dans les siens, et ils descendirent peu à peu vers ses lèvres alors qu'elle se mit à parler. « Évidemment. » Il tenta tant bien que mal de cacher sa surprise, ne s'attendant pas à ce qu'elle lui dise la vérité d'une façon aussi crue et aussi facile. Ses doigts se crispèrent sur le tissus composant l'intérieur de ses poches. Ok. Qu'est ce qu'il se passait là ? « Peut-être que pour toi je ne suis qu’une patiente, mais je ne sais pas, j’ai l’impression qu’il y a plus entre nous. » Il pencha sa tête sur le côté, la fixant. Plus. Plus. De quoi elle parlait ? Non, il n'était pas idiot, c'était juste que là, il avait vraiment l'impression que son esprit transformait ses mots pour lui faire voir tout ses espoirs.

Il ferma deux secondes ses yeux, s'approchant de nouveau d'elle. « Ça ne te ferait rien, à toi ? » IL s'approcha encore, laissant peut être un ou deux centimètres entre eux, et secoua sa tête de gauche à droite, plusieurs fois. « non. non, ça ne me fera rien. » Il resta près d'elle, ne bougeant pas d'un pouce en observant sa réaction. Oui, il était peut être parfois un peu cruel, mais ne voulant pas du tout la blesser, il passa sa main dans son cou et continua de parler : « parce que je sais que ça n'arrivera pas. » Qu'il était mielleux, il n'y croyait pas lui même. Il avait perdu la main du charmeur classe pour devenir le mec un peu niais. Il grimaça à cause de cela, mais tenta tant bien que mal de le cacher en levant sa tête pour lui embrasser le front.

« Non. Non, ça ne me fera rien. » Le choc. Le pincement au cœur, qui fait plus mal qu’on ne voudrait se l’avouer. La déception amère qu’elle ressent dans chacune des particules de son être. Bon, elle s’est trompée. Elle s’en remettra. Il s’agit simplement qu’elle ne lui montre pas sa déception, qu’il n’ait pas la satisfaction de voir le désarroi sur son visage. Elle n’a qu’à ravaler sa fierté quelques instants, trouver une excuse pour écouter leur rencontre, et espacer leurs rendez-vous jusqu’à ce qu’elle réussisse à enfin taire les sentiments qu’elle éprouve pour se médecin. Oui, tout se passera bien, et ils retrouveront leur relation professionnelle, ou mieux, elle trouvera un autre médecin qui n’aura pas un sourire si adorable, qui n’aura pas ces cheveux où elle rêve de passer ses doigts, qui n’aura pas ces lèvres charnues qu’elle se meurt d’embrasser.

Elle soutient le regard de Drosos, trouvant presque cruel qu’il se soit tant approché d’elle pour lui répondre. « Parce que je sais que ça n'arrivera pas. » Euh. Quoi? Le regard de Meropée perd sa froideur pour aussitôt redevenir chaleureux. Stupéfaite, elle reçoit avec bonheur le tendre baiser que dépose Drosos sur son front. Son cœur, qui quelques secondes plus tôt a dû encaisser une déception douloureuse, se met alors à battre à une vitesse folle, supportant mal ces montagnes russes émotives que vit présentement la jeune femme. Lorsque Drosos sépare ses lèvres de son front, Meropée cherche son regard, le trouve, s’y accroche. Honnêtement, elle ignore quoi dire ou faire, parce que ce moment la prend au dépourvu. Elle meurt d’envie de se dresser sur la pointe des pieds pour venir chercher ce qu’elle désire depuis si longtemps : joindre ses lèvres aux siennes. Elle ne le fait cependant pas, sans doute trop sous l’effet du choc. « Tant mieux. Parce que je serais vraiment très déçue. », murmure-t-elle, davantage pour meubler le silence qui s’est installé entre eux que pour la pertinence de ses paroles.

Il regrettait d'avoir annoncer les choses comme ça en voyant la peine se peindre sur le visage de sa patiente. Il mordait ses lèvres, se trouvant monstre de lui infliger une telle déception, et ce fut pour cela que, lorsqu'il lui annonça enfin la vérité, il embrassa avec une infinie douceur son front, souhaitant effacer les dernières traces de tristesse qu'il avait lui même créé en espérant n'y voir que de la joie. Il ne s'attendait pas à redevenir un jour cette personne qui pouvait tout détruire et tout reconstruire avec un seul mot. C'était comme se retrouver à ses débuts avec son ex-femme. C'était étrange, et même si ça ne l'était absolument pas, c'était comme nouveau pour lui. Ses yeux se baissèrent peu à peu pour rejoindre ceux de Meropée qui le fixait déjà. « Tant mieux. Parce que je serais vraiment très déçue. » Un nouveau sourire, bien plus grand que ceux d'avant vint étirer ses lèvres. Il fut tenter de s'approcher encore plus d'elle pour l'embrasser, mais...

De lourds pas se firent entendre à l'étage, pressé, comme si quelqu'un était en train de courir. Puis, les marches des escaliers se mirent à grincer, et Drosos pu entendre très distinctement le bruit de quelqu'un qui dévalait les escalier... mais absolument pas sur ses deux pieds. A contre-cœur, il fut ramené à la réalité, et dû se séparer de la jeune femme pour aller constater que son fils avait encore une fois couru dans les escaliers, loupé la troisième marche et dégringolé sur toute la hauteur pour se retrouvé allongé d'une façon un peu étrange sur le sol. Il hésita un instant entre le laisser là pour qu'il assume un peu ses erreurs et comprenne pourquoi il n'arrêtait pas de lui dire de ne pas courir dans les escalier pour rejoindre Meropée, et le soigner en vitesse pour qu'il dégage et qu'il puisse rejoindre Meropée. « je suis désolé pour ça, ça lui arrive pratiquement tout les jours » lui dit-il alors qu'il observait son fils pour voir s'il n'était pas blessé.

Spoiler:

L’instant qui précède un premier baiser est parfois plus agréable encore que le baiser en lui-même. La tension qui s’installe dans l’air ambiant, les regards qui se croisent, les corps qui s’avancent, les souffles qui se mêlent, le cœur qui saute des battements… Meropée a l’impression qu’ils vont s’embrasser, là, tout de suite. Son instinct la pousse à prendre les devants, à franchir l’infime distance qui les sépare tant mentalement que physiquement… mais elle fait durer le plaisir, savourant chacune des secondes qui s’offre à elle, se disant qu’elle aura de toute manière beaucoup de temps pour amplement satisfaire son désir…

Mais avant même que leurs lèvres ne s’effleurent, un bruit se fait entendre. Meropée questionne Drosos du regard, devinant aussitôt qu’au contraire d’elle, il n’est pas déstabilisé outre mesure par le bruit. Entendant le gamin gémir de douleur, Meropée hoche la tête, comprenant ce qui vient de se passer. Mais quel moment opportun… Même si une part d’elle-même est agacée par la situation (il n’aurait pas pu tomber, disons, deux minutes plus tard?!), elle est davantage attendrie par le gamin et voudrait lui apporter un peu de réconfort. Elle sait bien qu’elle ne serait d’aucune aide : Drosos est non seulement la figure parentale réconfortante, mais est également médecin et pourrait davantage aider le garçon en cas de blessure. « Je suis désolé pour ça, ça lui arrive pratiquement tout les jours » Meropée hoche la tête en pouffant d’un rire discret, car elle ne veut pas que Linos pense qu’elle se moque de lui. « Allez, va l’aider. », dit-elle, adressant un clin d’œil joueur à Drosos.

Suivant l’homme du regard, Meropée fronce les sourcils en portant une main à sa poitrine. C’est son cœur, il bat trop rapidement… Elle a remarqué une certaine hausse de rythme cardiaque depuis quelques minutes, mais elle mettait ça sur le coup de l’émotion. Là, elle réalise bien que les battements de son cœur sont anormaux, par ailleurs elle a l’impression d’avoir trop chaud, de trop manquer d’air. Sans faire de geste brusque, elle plie lentement les jambes et s’assoit à même le sol, sous le regard curieux d’Astería. « Drosos? », demande-t-elle d’une voix timide, pestant contre sa maladie de se manifester alors qu’il s’occupe déjà de son enfant. « Je ne me sens pas très bien… »

Mais quelle idée d'avoir des enfants ! Il fallait être fou pour faire des enfants bon sang. Enfin non. Les enfants c'était bien, quand ils étaient encore incapables de marcher et que leurs seules paroles ressemblaient plus à des gazouillements qu'à des mots, comme sa mignonne petite fille avec qui il pourrait passer ses journées et ses nuits. Mais quand ils grandissaient, ils devenaient des sortes de masses contradictoires et sourdes. Ils étaient très actifs lorsqu'ils s'agissaient de désobéir et de faire des bêtises, mais lorsqu'il s'agissait d'aider, ou de simplement écouter, ils étaient trop fatigués, trop absents. Bref, ils étaient Linos. Il lui avait au moins dit cent fois de ne pas courir dans les escaliers, il avait même fait des cauchemars mettant en scène le garçon avec quelque chose en verre dans les mains qui se briserait sous lui lors de sa chute.

C'était comme un rêve devenu réalité, même si c'était bien loin d'être un rêve. « Allez, va l’aider. » Il fit un sourire désolée à la jeune femme alors qu'il se précipitait vers son fils pour l'aider. Avant même de le faire bouger, il vérifia qu'il n'avait rien de cassé, ne voulant pas l’abîmer encore plus qu'il n'était. Il avait l'air bien. Les enfants ne se faisaient pas mal. Il le redressa rapidement mais en faisant tout de même attention, le mettant assis dans un premier temps, puis debout en vérifiant qu'il gardait l'équilibre. Il l'observa sous toutes les coutures avant de pouvoir dire qu'il allait bien. Posant sa main sur son épaule, il le dirigea jusqu'à son bureau pour soigner les quelques petites plaies et égratignures par déformation professionnelle.

« Drosos ? » Il crut d'abord qu'il avait imaginé cette petite voix l'appeler. Il fit s'installer son enfant dans un des sièges de la pièce alors qu'il cherchait en même temps un désinfectant. « Je ne me sens pas très bien… » Cette fois-ci, il avait bien entendu. Il fronça les sourcils, et lorsqu'il réalisa enfin le sens de la phrase, se précipita vers Meropée assise à même le sol. Il s'accroupit alors devant elle, passant une main sur son front, puis une dans sa nuque pour prendre son rythme cardiaque. Son cœur battait trop fort, trop vite, et si la maladie dont la jeune femme était atteinte était sensée être bénigne, un cœur allant trop vite ne l'était pas. Il se releva pour retourner dans son bureau, récupérant quelques accessoires pour effectuer la sorte de routine qu'il avait mis en place pour lui faire croire qu'il la soignait sous les yeux inquiets de son fils.

Il retourna près d'elle, appuyant sur ses épaules pour la forcer à s'allonger. Il garda une de ses mains sur elle, alors que l'autre commençait à faire tout un tas d'autres choses pour lui donner l'illusion qu'il était en train de la soigner. « Calme toi, Méropée, tout va bien se passer. » Il lui fit un sourire doux, profitant de son malheur pour créer le sien en absorbant peu à peu son énergie. Il se sentait bien, il se sentait plus vivant. Il aurait aimé qu'elle ait bien plus d'énergie encore, bien plus de crises, mais c'était tellement cruel de vouloir sans cesse qu'elle aille mal comme ça. Il absorbait encore et encore son énergie, et, dans l'euphorie du moment, il se pencha au dessus d'elle pour déposer ses lèvres sur les siennes. Il recula, réalisant qu'il lui avait pris bien trop d'énergie en faisant ça, et la lâcha. « Ça va mieux ? Tout va bien ? »

Il la força de nouveau à se rasseoir, restant au même niveau qu'elle, assit sur ses genoux. Il la fixait avec inquiétude, et continua de lui poser des questions. « Tu vois clair ? Est ce que c'était pire ou pareil que d'habitude ? Ça t'est venu d'un seul coup ? Ou bien tu me le cachais ? » Il posa une nouvelle fois ses doigts sur sa nuque pour prendre son pouls. Peu à peu, il retournait à la normale.

« Calme toi, Méropée, tout va bien se passer. » Elle hoche la tête, rassurée par les gestes protecteurs qu’a Drosos pour elle. Elle est habituée à ce genre de routine, ainsi elle se laisse faire, tentant simplement de reprendre le contrôle sur sa respiration afin de se calmer. Même si elle est malade depuis plusieurs années, elle ne s’est jamais vraiment habituée à ses crises : si elle ne ressent plus la surprise lorsqu’elle en est victime, la même angoisse survient toujours. La peur que la crise soit pire qu’à l’habitude, la peur de ne pas s’en sortir. C’est pire lorsqu’elle est seule, parce qu’à ses symptômes s’ajoute l’anxiété, et c’est très difficilement qu’elle arrive à tout gérer. Là, au moins, elle est en sécurité. Elle ignore si c’est ce simple sentiment qui réussit à faire en sorte que sa crise de calme, mais elle se sent de mieux en mieux alors que Drosos continue son examen. Elle le suit du regard, attendrie par chacun de ses gestes, jusqu’à ce qu’elle réalise avec stupéfaction qu’il s’approche dangereusement de son visage. Avec confusion, elle reçoit son baiser, qui provoque chez elle un énorme vertige. Évidemment, n’ayant aucune idée de la réelle raison de sa baisse d’énergie soudaine, elle met cela sur le compte de l’émotion…

« Ça va mieux ? Tout va bien ? » Elle hoche lentement la tête, encore sonnée par ce qui vient de se passer. « Je me sens un peu faible, mais je sens que le pire est passé. », répond-t-elle simplement. « Tu vois clair ? Est ce que c'était pire ou pareil que d'habitude ? Ça t'est venu d'un seul coup ? Ou bien tu me le cachais ? » Elle hausse les épaules, se mordillant la lèvre inférieure. « D’un seul coup. », dit-elle, réalisant que mentir à son docteur n’est pas l’idée la plus intelligente du siècle. Sauf qu’elle n’a pas envie de lui avouer que son cœur bat plus vite depuis qu’elle est entrée chez lui, qu’elle pensait que c’était sa présence à lui qui lui faisait cet effet… Même avec le moment qu’ils ont passé avant la chute de Linos, même avec le baiser qu’il vient de lui voler, elle n’est pas à l’aise de se mettre ainsi à nu devant lui. Elle sait bien qu’il ne faut jamais mentir à un docteur, mais leur cas est unique…

Elle lève une main, vient la poser sur celle de Drosos pendant qu’il prend son pouls. « Tu m’as embrassée.. ? » Il s’agit à la fois d’une affirmation et d’une question, parce qu’elle est encore confuse de tout ce qui vient de se passer. Elle sait qu’elle n’a pas imaginé ce moment, elle peut encore sentir la sensation trop brève de ses lèvres sur les siennes…

Il la fixait avec inquiétude, se sentant coupable de ne pas avoir réussis à se contrôler, de lui avoir pris tant d'énergie. Il ne s'y était pas attendu, parce que cela ne lui était pas arrivé depuis des années maintenant. Sa main restait sur sa nuque, continuant de sentir son pouls pour être sûr qu'elle ne ferait pas de rechute. « Je me sens un peu faible, mais je sens que le pire est passé. » Il hocha tranquillement la tête, ne faisant aucun geste brusque pour ne pas la perturber. Sa réponse ne l'avait pas satisfait. Certes, il aurait dû être soulagé de savoir qu'elle allait un peu mieux, mais il ne savait pas pourquoi, il avait bien du mal à la croire. Il continuait de la questionner, voulant connaître absolument tout les détails de sa crise. Et quand elle répondit à sa nouvelle question, il sût tout de suite qu'elle mentait. « D’un seul coup. »

A nouveau, il hocha la tête, n'osant pas vraiment lui dire qu'il savait qu'elle ne lui disait pas la vérité. Il sentit sa petite main se poser sur le sienne, et il ne put s'empêcher de sursauter un peu. Il plongea ses yeux dans les siens, fronçant les sourcils en cherchant à comprendre pourquoi elle faisait ça. « Tu m’as embrassée.. ? » Sa mine interrogative se changea en un clin d'oeil en une moue surprise. Ah. Mince. C'est vrai. Une petite rougeur s'installa sur ses joues, alors qu'il réalisait ce qu'il avait fait. Mais... Pourquoi avait-il fait ça ? Il ne le savait même pas. Il regarda sur sa gauche, un peu gêné, avant de lui dire. « je ne t'ai pas embrassé » Il avait tenté de dire cette phrase avec le plus de conviction qu'il était possible d'avoir. Et ces mots furent si peu naturels sortit de sa bouche, que lui même n'y aurait pas cru si il avait été à sa place.

Cependant, cela ne l'empêcha pas de continuer dans son mensonge. « tu as dû l'imaginer, ta crise devait être plus forte qu'on ne le pensait. Tu as eu d'autres hallucinations comme ça ? » Ce mec, il était impossible. Il faisait des choses, et les niais ensuite, ou affirmait des choses qu'il n'avait jamais fait. Il s'en voulait lui même de ses allés et retours entre une sorte de t'es la femme de ma vie et restons simplement professionnels, même s'il savait, au vu de toute l'énergie qu'il avait absorbé lors de son baiser, qu'il aurait fallu que leur relation ne reste que strictement professionnelle.

« Je ne t'ai pas embrassé » Meropée fronce les sourcils, dévisage longuement Drosos. Mais à quoi bon ce mensonge ? Parce qu’elle a la certitude absolue qu’il ne dit pas la vérité : même s’il a été très bref, elle peut encore sentir le baiser sur ses lèvres. Et autant le ton de voix utilisé par Drosos que son expression faciale actuelle lui confirme qu’il lui ment délibérément. Elle retire sa main, se tortille un peu pour reculer de lui, le dévisageant toujours autant. « Tu as dû l'imaginer, ta crise devait être plus forte qu'on ne le pensait. Tu as eu d'autres hallucinations comme ça ? » Cette fois, un sourcil se hausse, alors qu’elle pouffe d’un petit rire sans aucun amusement. « Une hallucination, hein ? Je ne crois pas… » Même si elle se sent toujours faible, elle se lève, passant une main sur ses vêtements afin de défaire les plis et de se redonner une contenance. « Je crois que je vais partir. De toute manière, avec mes « hallucinations », je ferais mieux de rentrer chez moi me reposer. », dit-elle en mettant bien l’emphase sur le mot « hallucination ». Elle voudrait confronter Drosos plus intensément, le forcer à avouer la vérité, à la fois par simple soucis d’honnêteté que par envie qu’il assume son geste. Celui-ci lui a confirmé que l’attirance qu’elle ressent pour lui est bien réciproque, mais encore faut-il qu’il puisse l’assumer…

Elle se dirige vers l’endroit où elle a posé sa veste en arrivant, et l’enfile sans un regard pour son médecin. Elle sait bien qu’il n’est pas sage de vouloir rentrer chez elle en ce moment : elle risque à tout instant de ressentir d’autres effets de sa crise et de s’évanouir. Mais elle s’en fiche, elle se sent honteuse et rejetée, et veut à tout prix fuir.

Le dilemme était toujours présent. Malgré le fait qu'il avait déjà plongé profond dans un mensonge, il ne savait toujours pas s'il allait continuer dans cette voix. D'un côté, il serait plus sage de le faire, de ne pas lui faire penser que quelque chose était possible entre eux, mais d'un autre côté... cela pourrait être tellement bon, et tellement dangereux. « Une hallucination, hein ? Je ne crois pas… » Ses sourcils se froncèrent. Il l'avait sentit. Il avait compris qu'elle n'allait pas le croire, et qu'elle allait lui en vouloir de renier ainsi ce qu'il avait fait. Mais il était une girouette, il faisait un pas en avant, quatre en arrière, il faisait des détours inutiles pour ne pas atteindre le point d'arriver. « Je crois que je vais partir. De toute manière, avec mes « hallucinations », je ferais mieux de rentrer chez moi me reposer. »

Il mordit sa lèvre, hésitant entre la retenir et la laisser partir. Il se releva en même temps qu'elle, faisant attention à ce qu'elle ne tombe pas dans l'effort. Il la suivait avec attention, mais en même temps, ne la tenait pas du tout pour la garder près de lui. Il l'accompagna presque jusqu'à la sortie, puis avant qu'elle ne puisse sortir, il s'adossa contre la porte pour l'empêcher de l'ouvrir. Il cala ses bras derrière lui, évitant un peu son regard tout en marmonnant : « je suis désolé, ok ? » Il avait essayé de se faire une voix douce, puis baissa la tête pour la regarder elle et observer sa réaction. « j'aurais pas du te mentir, mais même si tu m'en veux à mort, je peux pas te laisser partir » Il pencha sa tête sur le côté, et rajouta : « c'est trop dangereux, tu es trop faible actuellement »

« Je suis désolé, ok ? » Furieuse qu’il lui bloque la sortie, Meropée lui envoie un regard noir, s’obligeant à respirer très lentement afin de ne pas sortir de ses gonds. « J'aurais pas du te mentir, mais même si tu m'en veux à mort, je peux pas te laisser partir » Elle hoche lentement la tête, un air sarcastique se peignant peu à peu sur son visage. Bien sûr… Au moins, il avoue son tord, donne raison à ce qu’elle a ressenti. Mais il n’en reste pas moins qu’il a voulu profiter de sa faiblesse pour dissimuler la vérité, et ça, elle ne le supporte pas. « C'est trop dangereux, tu es trop faible actuellement » Cette fois, elle n’y tient plus, et un petit éclat de rire sans joie s’échappe à nouveau de ses lèvres. « Tu es doué… Tu veux profiter de mon état pour cacher tes actes, et après tu l’utilises pour m’empêcher de partir. Ce sera quoi la prochaine utilisation que tu en feras? », demande-t-elle sans savoir que Drosos en tire beaucoup plus profit qu’elle ne peut se l’imaginer…

Elle voudrait rester en colère, lui montrer qu’elle est forte et qu’elle ne supporte pas ses mensonges. Mais elle ne peut rien contre la moue adorable et inquiète que Drosos fait. Son côté protecteur est incroyablement charmant pour elle et la fait totalement fondre. Il ne faut donc que peu de temps avant que son regard noir se métamorphose en quelque chose de plus doux et qu’elle accorde à Drosos un sourire mielleux. « Mais tu gagnes tout de même : je reste. » Puis, sans se soucier de ce que voulait véritablement dire ce baiser rapide, Meropée pose ses mains sur le torse de Drosos, réduisant à néant la distance professionnelle qui l’a toujours empêchée d’aller plus loin. « Tu es vraiment craquant quand tu joues le docteur protecteur.. », murmure-t-elle, joueuse.

Il ne voulait vraiment pas qu'elle parte, même s'il ne savait pas non plus s'il voulait qu'elle reste là. Parce qu'il ne savait vraiment pas ce qui allait se passer, parce qu'il ne savait pas ce que lui même allait faire, ni ce qu'elle ferait. Il ignorait aussi ce qu'elle attendait de lui, et il n'avait pas envie de recommencer les mêmes erreurs du passés. Il n'apprenait rien de ses actes, il ne savait pas faire ça, et il tenait trop à la jeune femme pour détruire tout ce qui faisaient d'eux ce qu'ils étaient. Alors, debout entre elle et la porte, il se demandait s'il faisait la bonne chose. Il la regardait avec inquiétude. C'est elle qui devra choisir pour eux deux. « Tu es doué… Tu veux profiter de mon état pour cacher tes actes, et après tu l’utilises pour m’empêcher de partir. Ce sera quoi la prochaine utilisation que tu en feras ? » Il mordit sa lèvre, haussant simplement ses épaules pour lui répondre, légèrement mal à l'aise. Elle ignorait tellement de choses sur ce qu'il faisait.

Et c'était peut-être pour ça qu'il serait mieux pour eux deux qu'elle choisisse tout de même de partir. « Mais tu gagnes tout de même : je reste. » Devait-il être soulagé ou bien plus inquiet ? Il força un doux sourire sur son visage qu'il fit devenir de plus en plus naturel au fil du temps. Puis il sentit une pression sur son torse, et en baissant les yeux constata que les mains de la jeune femme étaient posées sur lui. Il releva les yeux pour les plonger dans les siens, ne comprenant pas vraiment ce qu'il se passait d'un coup. « Tu es vraiment craquant quand tu joues le docteur protecteur.. » Ok. Alors là, pour le coup, il ne s'y attendait vraiment pas. Ses yeux s'écarquillèrent un peu, et... ne bougea pas. Il avait déjà tellement merdé depuis qu'elle était arrivée chez lui, il ne savait pas ce qu'elle attendait de lui.

Devait-il lui répondre ? Ou la repousser ? L'envie ou la raison ? Il la regarda, accentua la pression de ses dents sur la chaire de ses lèvres. Il prit alors ses petites mains entre les siennes, et avança pour la faire reculer jusqu'à ce qu'ils ne soient plus dans l'entrée. Il déposa ses lèvres sur son front, restant ainsi quelques secondes avant de se reculer pour cette fois-ci y coller son propre front. « et tu es la plus belle » murmura-t-il le plus doucement qu'il pu tout en s'éloignant d'elle, la guidant jusqu'à ce qu'elle s'asseye sur un de ses fauteuils. « mais tu es sûre que ça va ? tu dis tout de même des choses un peu bizarres... » Bien sûr, il aurait pu rentrer dans son jeu, continuer dans la lancée, l'embrasser et pourquoi pas aller plus loin, mais il avait un peu peur des conséquences. Et il se retrouvait maintenant partager entre la frayeur de la perdre et celle de lui faire du mal. « désolé, j'ai encore gaffé non ? »

Comment la situation avait-elle pu évoluer si rapidement, en si peu de temps? Depuis plusieurs années déjà, Meropée rêvait de ce moment où leur relation passerait enfin à une autre étape, sans trop croire à la possibilité que cela arrive réellement. Et là, en si peu de temps, tout avait tellement changé! Pour le mieux, à son avis. Mais tout changement apportait un lot d’instabilité, et si Meropée pouvait auparavant se vanter de bien connaître Drosos et de pouvoir anticiper ses agissements, désormais elle est complètement prise au dépourvu devant lui. Elle a l’impression de ne plus le reconnaître, sachant toutefois que c’est sans doute l’aspect troublant du changement dans leur relation qui le pousse à agir de la sorte. Elle-même est égale à ce qu’elle a toujours été : plutôt calme, zen, avec une pointe d’impulsivité.

« Et tu es la plus belle » Elle accueille le compliment avec bonheur, adressant à Drosos un sourire resplendissant qui ne fait que confirmer encore plus ce qu’il vient de dire. Elle se laisse guider vers un fauteuil, amusée de la situation. C’est un peu comme si Drosos la traitait comme une enfant, mais qu’il éprouvait du désir pour elle… Étrange, étrange relation…

« Mais tu es sûre que ça va ? Tu dis tout de même des choses un peu bizarres... » Confortablement installée dans le fauteuil, Meropée ricane un peu, joyeusement. « C’est toi qui dit des choses bizarres… », dit-elle d’une voix tranquille. Sa crise et le traitement administré par Drosos la laissent sans énergie, et elle n’a désormais qu’une seule envie : dormir. Par ailleurs, ses paupières se font très lourdes, et elle est à peu près certaine que si elle les fermait complètement elle tomberait dans les bras de Morphée en quelques secondes. « Désolé, j'ai encore gaffé non ? » « Non.. », dit-elle d’une voix faible. « Tu me fais rire.. »

« C’est toi qui dit des choses bizarres… » il la regardait, attendri par son comportement. Elle était mignonne ainsi, même s'il se sentait un peu coupable d'être en partie responsable de sa perte soudaine d'énergie. Il souriait en réalisant qu'elle était peu à peu en train de s'endormir. Il lui demanda s'il avait gaffé, mais elle lui répondit par la négative. « Tu me fais rire.. » Il sourit. Et avant qu'elle ne s'endorme définitivement à même le sol, ce qu'il ne souhaitait vraiment pas de peur qu'elle tombe malade ou que son état empire, il la prit dans ses bras, comme si elle était la plus belle des princesse, et la souleva comme si elle était plus légère qu'une plume pour l'amener à l'étage pour la coucher dans son propre lit.