Elle se cacha derrière un des murs près d'elle. Elle l'avait vu, et elle devait se l'avouer, elle ne s'y attendait vraiment pas. Oh mon dieu, que faisait-il là ? Faisait-il parti de ceux qui étaient à sa recherche ? Était-il sensé la ramener au château avec lui ? On lui avait pourtant dit de ne pas se balader dans les faubourgs, mais elle n'en faisait qu'à sa tête. Elle avait décidé de changer d'ambiance, en ayant assez des ténèbres des bas quartiers, voir un peu plus de beau monde. Et voilà ce qu'elle gagnait, un allé direct vers elle ne savait même pas quoi - parce qu'elle était bien certaine qu'elle serait punie si ramenée - si jamais elle se faisait repérer par le chevalier. Elle souffla une fois, deux fois, prenant de grandes respirations pour se permettre de se calmer.

Ce qu'il pouvait être beau. Ses yeux parcoururent les moindres détails de son corps, s'attardant particulièrement sur ses beaux yeux marron, entouré de ces cils si long. Elle rêvassa un moment, profitant du fait de l'avoir sous ses yeux après tant de temps. Elle aurait aimé s'approcher de lui, le toucher, mais elle connaissait la haine qu'il nourrissait à son égard et elle savait que l'admiration -  l'amour même si elle osait se l'avouer - qu'elle avait pour lui n'était pas réciproque. Elle souffla à nouveau seule dans son coin, essayant de se faire discrète au possible tout en portant une main sur son cœur pour en calmer les battements. Elle allait le suivre, elle devait le suivre.

Était-il seul ? Sortant de sa cachette, elle regarda tout autour de lui pour voir s'il était entouré, et ne voyant personne, elle se décida à avancer lentement dans la même direction que lui pour ne pas le perdre des yeux, se cachant parfois derrière un ou deux passants pour ne pas se faire repérer. Elle était étrangement attirée par lui, et maintenant qu'elle avait commencé à le suivre, elle sentait qu'elle ne pourrait plus s'arrêter.

Elle s'avançait dans la rue avec la délicatesse d'un chat. Elle aurait aimé être sous sa forme féline en cet instant, pour pouvoir se mouvoir avec beaucoup plus d'aisance, beaucoup plus de silence avec ses coussinets discrets, mais elle attirerait bien trop l'attention, puisqu'elle n'était pas un simple chat de gouttière, mais un félin un tout petit peu plus imposant. Et avec des chevaliers dans les parages, elle devait avouer qu'elle ne souhaitait pas attirer l'attention sur elle. Elle tenait trop à sa vie, à ses rêves et à ses ambitions pour qu'on l’exécute. Alors elle se contenta de sa forme humaine, se cachant sous une sorte de cape qui cachait son visage et ses vêtements pour ne pas que les habitants ne la reconnaissent.

Elle longeait les murs en suivant son chemin, se retenant de s'interposer entre lui et l'enfant qu'il avait menacé. Le pauvre. Elle le regarda fuir, avant de reposer les yeux sur celui qui remplissait ses rêves la plupart des nuits. Elle soupira tout en penchant sa tête sur le côté. Il devait se douter que quelqu'un le regardait, que quelqu'un le suivait, sinon il n'aurait pas réagit ainsi. Il n'aurait pas attaqué un simple enfant en le menaçant avec son épée. Elle se mordit la lèvre, ne sachant pas quoi faire. Devait-elle s'arrêter de le suivre maintenant pour ne pas se faire surprendre et ramener vers le château, ou devait-elle continuer à l'épier pour profiter de cet instant qui, elle le savait, ne se reproduirait sûrement plus jamais ?

Ah, et puis zut. On ne vivait qu'une seule fois de toute façon, et elle avait tellement risqué sa vie depuis qu'elle avait fui qu'elle n'était plus à une chose près. Elle s'avança à nouveau, se cognant parfois contre des passants parce qu'elle ne faisait pas attention à où elle posait ses pieds. Elle voulait toujours le garder sous ses yeux, ne souhaitant pas le voir disparaître à un coin de rue et ne plus le retrouver ensuite. C'était comme suivre une araignée. On voulait toujours l'avoir sous les yeux pour être sûr de ne pas la retrouver sur soi. Plus elle avançait, moins la foule se faisait dense, et elle fut heureuse de réaliser qu'elle pouvait enfin respirer. Elle se déplaçait avec plus d'aisance, et moins de discrétion puisqu'elle ne se fondait plus parmi les autres.

Elle était bien plus à découvert, bien plus en danger, mais elle s'en fichait parce que maintenant, elle l'avait près d'elle. Et elle était heureuse. Elle était heureuse même si elle ne le remarquait pas. Elle était vraiment heureuse même si elle savait que lui, s'il la voyait, ne le serait sûrement pas. Engourdie par son euphorie, elle ne remarqua pas le trou qu'il y avait dans les pavés qui composaient le sol. Les yeux rivés sur le bel homme qu'elle suivait, elle posa le pied dans ce dit trou. Et ne se doutant pas qu'une telle chose pourrait lui arriver, elle continua de marcher comme si tout était normal, et tomba lourdement sur le sol, attirant tout les regard sur sa présence. Elle cacha alors son visage sous sa capuce, priant pour que Thiséas ne se soit pas retourné.

C'était foutu. Elle allait mourir. Elle tentait tant bien que mal de cacher encore et encore son visage sous sa capuche, ramenant sa cape autour d'elle pour cacher ses fripes en mauvais état. Elle était bien maligne de tomber comme ça. Ce n'était vraiment qu'à elle que ce genre de chose pouvait arriver. Ainsi étalée sur le sol, elle n'osait même pas se relever. Elle sentait le regard de tout les habitants portés sur son dos, essayant de savoir qui elle était, et comment elle avait atterri là. La curiosité humain l'impressionnerait toujours. Du coin de l'oeil elle voyait les enfant tirer sur les vêtements de leur mère en la pointant du doigt, elle voyait les plus âgé la dévisager sans aucune honte, et peu à peu, une rougeur s’installa sur ses propres joues. Allons Era, comment tu vas te sortir de là ?

Elle posa ses deux avant bras sur le sol, et les déplia pour tenter de se relever, mais à peine eut-elle commencer à se redresser qu'une main l'attrapa et la remis sur pied à une telle vitesse qu'elle en fut toute engourdie. Le monde devint un instant noir, des tâches apparurent dans ses yeux, et cela dura un moment avant que sa vision ne se stabilise enfin. Elle fut bousculée et attiré jusqu'à ce que son dos rentre en contact avec un mur froid, et peu à peu, la peur s'insinuait dans tout ses membres. Elle n'osait même pas regarder la personne qui l'avait emporter de peur de réaliser que c'était Thiséas, et qu'elle avait été repérée. Elle tremblait. Toute la détermination et la volonté qu'elle avait acquit tout ces jours dans la ville basse et dans les faubourgs avait disparu en un clin d’œil, sa fierté partant dans le même temps.

Elle leva ses yeux, les plantant sans le vouloir directement dans le regard de l'autre. Et sans qu'elle ne puisse le moins du monde se contrôler, une rougeur partit de son cou jusqu'à se répandre dans tout son visage. C'était bien Thiséas. Et c'était, elle pouvait le dire sans hésitation, un Thiséas bien en colère qu'elle avait en face d'elle. Elle se fit toute petite, essayant de ramener ses bras contre elle comme pour se protéger. Face à lui, elle ne savait jamais vraiment comment réagir.

« Bordel, qu'est-ce qui te prends ? Tu as envie de mourir ou quoi ? Tu veux peut-être que je te tue sur le champ ? »

Elle se contenta de secouer la tête de droite à gauche, baissant ses yeux vers le sol. Elle ne voulait pas mourir non, elle ne voulait surtout pas que lui le tue, surtout pas lui. Parce qu'elle s'était promis de se battre jusqu'au bout, et de ne jamais abandonner. Mais contre lui, elle ne pouvait pas se battre, elle n'en avait ni la force, ni la volonté. Parce qu'elle ne connaissait pas les limites de sa sauvagerie, et ne se pardonnerait jamais de lui faire du mal, et de lui montrer cette partie d'elle.

« tu... tu vas me ramener au château ? »

Elle attendait avec appréhension la réponse, sachant que si elle était positive, elle allait devoir se battre.

Elle craignait la réponse. Elle craignait de devoir se battre. Elle sentait déjà les regards des autres peser sur elle alors qu'elle se défendrait pour que sa vie ne se finisse pas aussi tôt, pas avant qu'elle n'ait réussis à réaliser ses objectifs. Elle n'osait même plus regarder Thiséas, cachant ses yeux sous ses longs cils. Elle aurait voulu se dégager et fuir loin, dans la ville basse puis dans la forêt, là où elle se sentait en sécurité puisque personne ne pouvait l'y retrouver, mais l'avoir si proche d'elle engourdissait ses membres, et l'empêcher de boucher. Les mains sur ses épaules se faisaient de plus en plus lourde, alors que l'attente de sa réponse se faisait insoutenable. Elle crut attendre des heures avant d'entendre à nouveau la belle voix de l'homme, alors qu'il ne se passa en réalité que quelques secondes, peut être une minute elle n'en savait rien, juste le temps qu'il réfléchisse à ce qu'il allait réellement faire.

« Non... Non, je ne vais pas t'y amener. Maintenant tu vas faire ce que je te dis, si tu ne veux pas mourir ici et maintenant. Surtout aucune question. »

Elle respira enfin, relâchant la pression qui s'était formée peu à peu dans son corps, se rendant alors compte qu'elle avait retenu sa respiration tout ce temps. Sa tête se fit moins lourde, et les mains de Thiséas sur ses épaules s'allégèrent. Elle osa souffler un instant de soulagement, regardant sur le côté avant de porter son regard sur le visage de l'homme pour en admirer les détails. Mais une nouvelle inquiétude se fit. Elle se retrouva emportée au loin. Elle essayait de retenir toutes les rues par lesquelles ils étaient passé pour retrouver son chemin, ou découvrir où il l'emmenait en essayant de reconnaître les différents murs, mais rien y faisait. Ils allaient vite, et elle était bien trop stressée. Elle mit du temps à reprendre son souffle lorsqu'ils s'arrêtèrent enfin.

« Où m'as-tu emmener ? »

Il l'avait lâché, mais s'approcha encore de lui lorsqu'elle lui avait demandé ça. Elle pensait fuir, aussi rapidement que possible, mais elle craignait qu'il puisse la rattraper bien trop facilement, et puis, il lui avait dit qu'il ne l'emmènerait pas au château. Et elle ne savait pas pourquoi, mais elle avait envie de lui accorder son entière confiance. Elle se tint droite, fière, reprenant peu à peu contenance, bien plus que lorsqu'elle était sous son contrôle.

« Qu'est ce que tu veux que je fasse ? »

Des tas de questions ne bousculaient dans sa tête. Pourquoi l'avait-il emmené là, pourquoi ne l'emmenait-il pas au château, pourquoi est ce qu'elle était toujours en vie alors qu'elle savait bien qu'il la détestait, pourquoi est ce qu'il ne l'avait pas livré aux autres chevaliers ? Pourquoi est ce qu'il la gardait alors qu'il aurait pu faire la fierté de roi, lui qui l'avait toujours admiré ? Elle avait peur de poser des question parce qu'elle ne voulait pas que sa curiosité lui fasse changer d'avis. Alors elle resta silencieuse, obéissante comme elle l'avait bien trop souvent été, lui demandant simplement ce qu'elle devait faire pour acheter sa liberté.

Au fil des rues, elle avait perdu tout point de repère. Et cela l'inquiétait. Elle ne voulait pas se retrouver dans un coin perdu où elle ne pourrait ni se cacher, ni s'enfuir, parce qu'elle ne saurait pas où aller. Elle suivait presque aveuglément Thiséas, sans même se dire que cela pouvait être un piège, qu'il était peut être en train de l'amener à d'autres chevaliers pour se vanter d'avoir trouvé la princesse. Parce qu'après tout, il n'y avait aucune raison qu'il ne le fasse pas. Il n'y avait aucune chose qui le retenait de la livrer au roi et de devenir ainsi la personne favorite dans tout le royaume. Mais elle était si naïve, si confiante, son amour pour lui l'aveuglait complètement, et même si elle avait douté une seconde de lui, elle ne lui aurait pas échapper, voulant profiter de chacune des secondes qui lui étaient offertes en sa présence.

« Tu es dans les petites rues tout autour des faubourgs. Ici, personne ne te reconnaîtra. Ce que je veux que tu fasses, c'est que tu me suives et que tu te taises. On va attendre que la nuit tombe pour que tu puisses quitter les faubourgs tranquillement. Pour le moment, y a trop de soldats qui surveillent. Tu viens avec moi dans un petit bar, mais fais gaffe à ne pas te faire reconnaître ? C'est compris ? »

A chacune des phrases terminées, elle hochait la tête, n'ouvrant pas une seule fois la bouche parce qu'il lui avait demandé de ne rien dire. Elle ne voulait pas le contrarier, même si elle était un peu soucieuse de se retrouver dans un bar qui lui était inconnu. Elle n'était jamais allée dans un bar, cela lui avait toujours été interdit, et avec tout ce qu'elle avait entendu à propos de ses lieux, elle n'avait jamais ressenti l'envie d'y rentrer. Elle fut entraînée, et avant qu'elle n'ait pu protester - comme si elle l'aurait fait - ils entrèrent tout les deux. Elle regarda tout autour d'elle, intimidée, avant de se réfugier dans le dos de Thiséas pour que personne ne la regarde ou ne la reconnaisse. Doucement, pour que personne d'autre que lui n'entende, elle murmura :

« tu n'as pas moins effrayant comme endroit ? »

Peureuse ? Oui. Elle n'y pouvait rien. Elle regardait les gens les fixer.

« ils n'ont pas l'air de nous apprécier, on ne peux pas aller ailleurs ? »

Et la seule chose qu'elle souhaita en ce moment, c'est que la nuit tombe plus vite qu'elle ne le faisait habituellement.

« Dans tes rêves, on reste ici jusqu'à ce que la nuit tombe. Y a personne qui nous regarde de travers ici, à part toi qui dévisage les gens comme si ils allaient te mordre, ce qui n'est pas le cas. »

Ô combien pertinente était sa réponse, Era ne pouvait pas pour autant s'arrêter de se méfier de chacune des personnes qui l'entouraient. Elle avait vécu dans un palais, toujours entourée de personnes là pour la protéger. Elle était comme une porcelaine précieuse qu'il ne fallait surtout pas toucher, ou même parfois regardée. Elle fixait tout autour d'elle, ses bras entourant son corps comme si cela pouvait la cacher. Elle vit du coin de l’œil Thiséas enlever son manteau, mais elle ne pu en faire de même, restant immobile alors qu'il s'asseyait.

« Ne reste pas plantée comme ça, viens t’asseoir. Le temps ne passera pas plus vite comme ça... »

Et elle se sentait comme intimidée en face de lui, elle n'arrivait jamais à le défier, faisant tout ce qu'il demandait sans broncher. Peut être que c'était ses sentiments à son égard qui la faisait agir comme ça, où peut être que c'était son comportement normal, elle n'en savait rien. Elle avait juste pensé que ces quelques jours à errer en dehors de sa zone de confort lui auraient donné plus d'assurance. Mais elle avait apparemment tord.

« pourquoi tu ne m'emmènes pas au château ? si tu le fais, tu y seras récompensé, tu sais à quel point mon père aime quand il obtient ce qu'il demande. tu seras envié de tout ceux qui n'ont pas réussis à me trouver... alors je ne comprends pas pourquoi tu ne le fais pas ? »

Elle avait dit cela dans un murmure si bas qu'elle était sûre qu'il serait le seul à entendre. De toute façon, tout les gens autour d'eux parlaient si fort qu'ils prêteraient sûrement pas attention à eux. Et pour une fois, elle initia le contact visuel, plongeant ses yeux dans les siens - magnifique, elle ne put s'empêcher de le penser. Puis elle se reprit, paniquant un peu à l'idée de lui avoir insufflé une idée dans la tête.

« non pas que je cherche à retourner la bas ! au contraire... je ferais tout pour ne plus y mettre les pieds... »

« Je croyais t'avoir dit de ne poser aucune question ? Je ne vais pas te ramener au château, alors estime toi heureuse. Je n'ai pas à me justifier devant toi, c'est clair ? »

Elle baissa la tête. Ses lèvres restèrent une fois de plus collées l'une à l'autre. Elle avait posé une simple question, une toute petite question dont la réponse l'obséder, mais il ne voulait pas la lui donner. Elle aurait voulu continuer à poser cette question, le harceler à propos de cette histoire, crier même dans tout le bar si c'était cela qu'il fallait faire pour enfin être entendue. Mais elle n'en eu pas l'occasion, parce qu'elle avait fermé sa bouche bien trop longtemps, et qu'il avait saisi cette occasion pour ouvrir la sienne une nouvelle fois.

« Par contre, moi je sais pourquoi tu me suis partout depuis que l'on se connait et que tu m'obéis comme un petit toutou... Dis moi, Princesse Era, que dirait ton cher papa si il apprenait que tu es amoureuse d'un de ses chevaliers ? Il serait content ou au contraire fou furieux ? »

Son visage se ferma d'un seul coup. Sa tête se baissa, la honte la submergea. Elle était découverte. Enfin, cela faisait un moment qu'elle savait qu'elle avait été découverte, ce n'était pas comme si ces longues heures à l'observer étaient camouflées. Mais l'entendre lui parler comme ça, dénigrer ses sentiments d'une telle façon, ces sentiments qu'elle chérissait tant parce qu'il était son premier amour, le premier qu'elle trouva si beau qu'elle ne pu le quitter des yeux, tout cela fut pour une fois bien trop pour la patiente Era. Elle se leva brusquement, renversant pratiquement la table sur l'homme face à elle, hurlant ensuite en le pointant du doigt.

« je sais que tu me haïs, mais ça ne te donne aucun droit de... de me traiter comme ça ! tu penses vraiment qu'après... qu'après des remarques pareilles, je... je ne dirais rien ? je veux bien faire ce que tu demandes, mais est ce que tu as entendu parler du respect ? je ne sais pas ce que je t'ai fais, ou ce que je fais qui t’embête, mais si c'est juste ma tête qui t'agace, je ferais mieux de partir. »

Elle s'avança jusqu'à la porte de sortie, furieuse. Elle sentait tout les regards braqués sur elle, mais elle s'en fichait, il fallait qu'elle sorte de là. Mais avant de passer la porte qui lui permettrait de fuir, elle lui hurla encore.

« et on s'en fiche de mon père, il me tuera de toute façon. »

« Et bien, je dois avouer que je suis impressionné... Ta petite fugue t'a permis de prendre un peu plus d'assurance on dirait... Alors... ça ne serait pas un caprice de la petite chérie à son papa après tout ? Bien... alors, je te dois des excuses, princesse... »

Era le fixait sans broncher, son visage restant stoïque alors qu'elle continuait à s'énerver à l'intérieur. De toute façon, il se fichait d'elle. Elle le voyait bien, qu'il se moquait, qu'il n'en avait absolument rien à faire de ce qu'elle pensait ou de ce qu'elle pouvait ressentir. Lui, tout ce qui l'importait, c'était de bien se faire voir par son père, de garder sa position, ou bien d'en obtenir une supérieure. Elle sentit sa main contre la sienne, mais avant même qu'elle ne puisse la retirer, la porte d'entrée s'ouvrit brusquement derrière elle. Elle se retourna pour voir ce qu'il se passait, mais elle se fit entraîner par l'homme.

« Vite, la porte de derrière ! Suis moi ! »

Elle le suivit, courant derrière lui pour sauver sa peau. Elle ne voulait pas que sa vie se finisse maintenant, elle avait bien trop de projets. Elle prit la tête, et gardant la main de Thiséas bien ancrée dans sa main, elle se faufila parmi les personne qui faisaient bouchon pour sortir dans les premiers, et après avoir couru un moment à ne plus en avoir d'air, elle le lâcha. Elle se retourna enfin, le regarda un moment, puis finit par dire :

« je sais toujours pas pourquoi tu fais ça, mais merci. »

Avant de se transformer en margay pour fuir et se faufiler entre les bâtiments plus rapidement.