C'est à peine si tu te souviens de comment tu étais, avant. Tu sais que tu étais quelqu'un de simple, d'ordinaire. Tu te souviens d'éclats de rire, de larmes, rien de bien extraordinaire. Au final, tu n'es même pas certaine d'avoir vraiment changée, tu ne devais pas être bien différente avant ta transformation définitive. Enfin, au bout du compte, tu t'en moques, de qui tu étais, ce qui importe, c'est qui tu es maintenant. Un chat. Eh oui, une fichue boule de poils. Et même si tu as eu un peu de mal à t'adapter - la première souris ça fout toujours un coup - aujourd'hui, tu es parfaitement à l'aise dans ton rôle félin, et tu en profites même énormément ! C'est vrai après tout, un chat, ça peut faire tout ce qu'il veut ! Et tu l'avoues sans problème : tu ne t'es jamais autant amusée en étant chat qu'en étant humaine. Tu peux emmerder ton monde sans essuyer des conséquences fâcheuses : tu n'es qu'un chat après tout ! Chapardeuse, joueuse, curieuse, tu aimes aller voir les gens, les faire chier, t'amuser avec eux en toute insouciance, leur voler des affaires pour qu'ils te courent après. Tu aimes attirer les regards, être l'objet de l'attention des personnes qui t'entourent. Aventurière et casse-cou, tu adores te balader à toutes heures du jour et de la nuit, explorant les moindres recoins de chaque rue, te prenant souvent pour Indiana Jones ou Lara Croft. Et même si tu te mets dans des situations périlleuses, tu trouves toujours un moyen de t'en sortir, peu importe où tu te trouves. Maline et débrouillarde, tu es un chat avec l'intelligence et le savoir faire d'une humaine, chose que personne ne sait, et tu en joues. Les gens qui te voient à l'oeuvre te pensent surdouée ou très bien dressée, quelle bande d'idiots ! Ah oui, la franchise et le tact d'un bourrin. S'il y a une chose que tu as gardé de ton humanité, ce sont ces traits de caractère. Bavarde, tu ne pouvais t'empêcher de dire ce qui te passait par la tête, et tant pis si ça ne se faisait pas. Au fond, tu ne voulais faire de mal à personne, juste, t'exprimer. En tant que félin, tu n'es pas un chat qui parle, non, mais cela ne t'empêche pas de faire comprendre ton point de vue, et puis, tu es toujours capable de penser, et Pyrrha seule sait à quel point tu penses ! Si un télépathe t'entendait, il en aurait la migraine ... D'ailleurs, la plupart de tes pensées sont occupées par ton chasseur et journaliste préféré : Laertis, alias Titis, alias ton dieu vivant que si quelqu'un l'approche tu lui sautes dessus toutes griffes dehors. Il t'a recueillie il y a un moment déjà - bon tu ne lui as pas vraiment laissé le choix, vu comment tu le collais - et entre vous c'est l'amour fou. Bon d'accord, il est persuadé que tu n'es qu'un chat, mais qu'est-ce que ça peut faire ? Tu peux baver sur sa perfection en toute discrétion, tu peux lui voler sa bouffe sans qu'il t'en veuille vraiment, foutre le bordel dans son appartement, lui grimper sur la tête à tout moment, et en prime, t'as des câlins à volonté et la possibilité de dormir avec lui - ou plutôt sur lui, pour tout dire. Mais que demande le peuple ? Laertis, il te fascine, tu le suis partout où il va, l'aidant dès que tu en as l'occasion, même s'il ne s'en rend pas toujours compte. Laertis, tu l'aimes, et c'est tout, y a pas plus simple, et juste pour lui, tu serais prête à rester un chat jusqu'à la fin de ta vie.

Tu étais une fille normale, avec une vie tout ce qu'il y a de plus banal. Originaire d'un autre pays, des parents commerçants, un frère professeur, bref, rien de bien palpitant. Et toi, tu t'ennuyais, tu l'avoues. Tu rêvais d'aventure, d'action, de suspens et de rebondissements ! Tu rêvais d'une autre vie, moins sage et plus, beaucoup plus passionnante. Mais voilà, tu étais une fille de bonne famille, et tu n'as jamais eu l'occasion de vivre cette vie incroyable. Résultat : tu comblais le manque par les livres. Tous ces récits fantastiques te plongeaient dans un monde qui n'appartenait qu'à toi, un monde où tout était possible, et où tu avais tous les droits, un monde merveilleux. C'est donc tout naturellement que tu as rapidement finis dans une librairie, lieu saint où tu pouvais enfin t'évader. Malgré les espoirs de tes parents qui auraient largement préféré te voir au gouvernement, tu es devenue la fille qui a constamment le nez dans ses bouquins, ce sourire malicieux et cet air taquin sur le visage. On aurait pu jurer que rien d'incroyable ne t'arriverait, et pourtant.

Un jour tu t'es réveillée avec une soudaine et incontrôlable envie de lait. Tu voulais tout le temps être en hauteur, courrais après les papillons, ronronnais sans pouvoir te contrôler, tu étais bizarre, mais ça, tout le monde le pensait déjà. Tu n'en parlais qu'à ton confident et patron : le libraire. Vieux bonhomme à lunettes, il était le seul qui ne te prenait pas pour une allumée quand tu parlais de récits de cap et d’épée, après tout, vous aviez la même passion. Puis un soir, tu ne sais pas vraiment comment, tu t'amusais à escalader un muret quand ton pied a glissé et que tu es tombée. En atterrissant, tu as réalisé que tu t'étais transformée en ... chat. Tu étais devenue un chat de gouttière, en même pas une seconde. Si au début tu as cru rêvé, tu as finalement compris que c'était bien réel. Et étrangement, tu adorais ça. Rapidement, tu appris comment contrôler ces transformations. Femme le jour et chat la nuit, tu abusais de tes pouvoirs, trop heureuse de cette fabuleuse occasion de t'amuser sans contrainte ni conséquence.

Et puis il y a eu cet autre jour où tu t'es retrouvée avec des oreilles de chat. Ce jour-là, ça a été la catastrophe. Qu'est-ce qu'il t'arrivait ? Qu'est-ce que tu allais faire ? Tu as essayé de te transformer en chat pour redevenir humaine, mais rien n'y faisait, ces fichues oreilles ne partaient pas. Cette fois, tu as vraiment paniqué. Tellement qui tu as tout balancé à ton patron et confident. Tu n'as pas mis longtemps pour le convaincre : il connaissait ce phénomène, il l'avait déjà vu à l'œuvre. Par Pyrrha, qu'aurais-tu fait sans lui ? Il t'a tout expliqué, notamment le fait que tu devais rapidement trouver le kala qui t'était lié, sans quoi tu deviendrais un chat pour le restant de tes jours, sans pouvoir redevenir humaine. Alors tu t'es mise en quête de ce kala qui t'étais destiné, tu as cherché longtemps, partout, de long en large et en travers. Tu as retourné tout le pays. Rien. Personne. Plus ça allait, et plus ça empirait. La queue et les moustaches, c'était déjà difficile à cacher, mais quand de la fourrure est apparue sur la totalité de ton corps, t'as failli faire un malaise. Tu ne pouvais plus te déplacer qu'en chat, ce qui n'arrangeait rien. Au final, à peine âgée de 22 ans, tu es définitivement devenue un chat de gouttières, sans retour possible en arrière - du moins, tant que tu n'auras pas trouvé ton kala.

Chat malgré toi, tu as continué ta vie, t'habituant avec plus d'aisance que tu n'aurais cru à cette vie de félin. Après tout, pourquoi pas ? Tu n'avais plus de contraintes, tu pouvais aller où tu le désirais, faire ce que tu souhaitais, quoi de mieux ? Tu en as presque oublié ta vie d'humaine, quoique, c'est ce que tu te complais à penser. Mais combien de fois es-tu allée voir ton frère en secret, lui qui te cherche encore même après 6 ans sans nouvelles. Combien de fois as-tu rendu visite au libraire ? Lui seul qui connait ta véritable nature. Longtemps, tu t'es raccrochée à cette ancienne vie. Mais tu ne pouvais plus continuer comme ça. Tu avais passé le moindre mètre carré du pays au peigne fin, et pas de kala en vue. Alors tu as joué les passagères clandestines et tu es partie. Tu as dit adieu à ton ancien toi. Et tu as atterri à Arcure. Là-bas, tu es tombée sur Laertis. Au début, tu ne savais pas vraiment qui il était, et tu t'en fichais un peu. Par contre, ce qui t'as beaucoup intéressée, c'est le fait qu'il enquêtait sur les samanos. Tu l'as vu faire plusieurs fois, le suivant discrètement. Et s'il était ta chance de redevenir humaine ? Et si, grâce à lui, tu pouvais trouver ton kala ? En espérant qu'il ne l'ait pas déjà tué bien sûr ...

Alors tu t'es mise à le suivre, sans gêne, et malgré le nombre incalculable de fois où il t'a envoyée balader, tu continuais de le coller. Plus ça allait, et plus tu t'attachais à lui, le voyant agir, l'observant. Il t'a laissée entrer dans sa vie, et depuis tu ne le lâches plus. Tu n'es qu'un simple chat, mais tu sais que tu craques complètement pour lui. C'est idiot et impensable, mais tu aimes ta vie quand il est là. Tu aimes l'emmerder et lui piquer ses affaires, tu aimes passer du temps avec lui, même si ce n'est que dormir, tu aimes le suivre dans la rue et partout où il va. Tu l'aimes lui, mais jusqu'où ça va te mener ?