Il la suivait. Non. Il n'était pas fou, et il maintiendrait ça jusqu'à ce que la mort l'emporte, mais il avait l'impression que cette fille ne faisait que se mettre en danger. Il avait commencé à la suivre un moment auparavant, à partir du moment où il avait réalisé à quel point elle lui faisait penser à sa sœur. Ses manières, son physique, elle, en globalité, faisait qu'il avait l'impression que sa sœur vivait encore auprès de lui. Il avait choisis d'être discret au départ, ne voulant pas être pris pour un fou, ni l'effrayer. Mais petit à petit, il avait arrêté de se cacher, se montrait beaucoup plus, parce que la femme ne semblait pas avoir peur de quoique ce soit. Mais malgré le fait qu'il ne la suivait maintenant plus du tout en secret, il n'avait toujours pas commencé à vraiment lui parler. Après tout, comment aborder quelqu'un avec un prétexte des plus étranges - tu ressembles à ma sœur morte, j'ai donc envie de te protéger - surtout quand on ne sait que dire la vérité ? Elle se baladait dans les rues des faubourgs, et depuis qu'elle était sortie de chez elle, il la suivait. De loin, mais jamais la jeune femme ne quittait sa vue perçante. Il avait l'habitude d'épier des cibles, de les surveiller, c'était presque devenu pour lui aussi naturel que respirer, mais maintenant qu'il ne se montrait plus discret du tout, il sentait que la jeune femme dont il ignorait même le nom commençait à se méfier de lui. Il ne lui voulait pourtant aucun mal, mais son apparence froide et son manque cruel de sourire devait sûrement lui donner une apparence plutôt dangereuse. Peut être était-il fou, après tout. Suivre comme ça une inconnue, sans même vouloir lui parler, il devait sûrement avoir un petit problème dans sa tête. Il marchait tranquillement, quelques mètres derrière elle, regardant les vitrines autour de lui, se laissant parfois bousculer par une personne avant de râler avec beaucoup de hargne. Il avança, se déconnectant peu à peu, avant de rentrer dans une personne. « ah putain » Les mots étaient sortis seul de sa bouche, et il baissa lentement les yeux pour voir dans qui il était rentré et... OUPS ! C'était elle ...

Elle sentait qu'on la regardait fixement, lourdement, intensément. Elle détestait cette sensation dans son dos. Et c'était encore l'homme à la barbe. Ne connaissant pas son prénom, Kain l'avait nommé ainsi. Cela faisait plusieurs fois que Kain le surprenait à la suivre, à la regarder ou à la protéger, alors qu'elle savait ce défendre toute seule. Kain était une grande fille. Elle savait se battre aussi bien qu'un homme. Et franchement l'avoir dans les pattes était lourd. Toujours derrière elle, toujours à l'emmerder, toujours à être quand il faut pas. Kain en avait marre qu'il soit toujours là. Quand elle voulait être tranquille, au calme, il était là. Mais pourtant, Kain n'avait jamais rien dit. Même pas un mot, ou un merci, ou même un geste. Juste des regards. Des regards neutres, froids, sans expression. Des fois, elle voulait vraiment qu'il parte, qu'il la laisse, et d'autre fois non. Bizarre. Et c'est perdu dans ses lointaines pensées qu'elle rencontra un torse. Un torse d'homme qui jura à haute voix. C'est pas possible. Les gens ne peuvent pas faire attention quand il marche ? Bon, en même temps c'était aussi un peu de sa faute. Levant son regard froid, voir glacial elle voulait insulter de tout les noms celui qui l'avait bousculer. Mais à peine la bouche ouverte et son poing levait vers lui, elle referma aussitôt sa bouche mais son poing était toujours levée. Lui. L'homme à la barbe. Kain ouvrit grand ses yeux, enfin autant que ses yeux le pouvait, fixant, dévisageant l'homme devant elle. Son poing baissé, elle prit la parole, ne montrant aucune expression.   Toi. Fais gaffe ou tu marches. Sa voix était vide. Aucune joie. Aucune peine. Aucune colère. Rien. Là, maintenant, devant lui, elle voulait lui posait un tas de question. T'es qui ? Pourquoi tu me suis, homme à la barbe ?

C'était bien sa veine, et ce n'était pas du tout son genre. Jamais dans la lune, toujours concentré, il ne comprenait pas comment il avait réussis à se mettre dans cette situation. Il regarda la femme dans laquelle il était rentrée, tout en gardant son visage neutre, comme si rien ne s'était passé, comme s'il n'avait pas hurlé un putain dans la rue, comme si jamais il ne lui était rentré dedans comme un bourrin de 200 kilogrammes qui ne savaient pas où poser les pieds. Il aurait aimé l'ignorer, passer son chemin comme le connard qu'il était, ne même pas s'excuser, mais il avait le malheur supplémentaire qui était qu'elle s'était mise à lui parler. Et il aurait l'air bien malin s'il partait maintenant, surtout qu'il n'avait vraiment pas l'intention de s'arrêter de la surveiller et protéger maintenant. Faire gaffe où il marchait, ça, en général, il le faisait, elle n'avait pas besoin de lui ordonner une telle chose. Ce qui le marqua plus en revanche, fut le surnom qu'elle lui attribua. Homme... a barbe ? C'était comme ça que les gens le voyait ? Un homme à barbe ? Les hommes à barbes étaient les terroristes, les très grands penseurs, pas les hommes beaux et sexy comme lui - même s'il n'existait pas d'homme comme lui. il était bien trop parfait pour qu'on utilise le mot ' comme ' lorsqu'on parlait de lui -. Qui il était ? HAHA !  SUSPENS ! IL N'AVAIT PAS ENVIE DE LE DIRE ! Voilà, c'était tout. Il croisa les bras sur son torse. « je ne te suis pas » se contenta-t-il de dire avec beaucoup de conviction. Et ce n'était pas faux. Il ne la suivait pas, il la surveillait, et il y avait une grande nuance la dedans !