Aristéa se faufilait discrètement dans les rues des faubourgs, tentant tant bien que mal de ne se faire remarquer par personne. Elle avait déjà un but précis, une destination : la ville fortifiée. Là bas, elle était sûre qu'elle trouverait ce qu'elle cherchait tant, la reconnaissance, le pouvoir, la richesse, tout ce dont elle n'avait jamais pu ne serait-ce que s'approcher dans sa ville de naissance. Une pauvre fille, c'était ce qu'elle était. Une énième fille de fermier qui n'obtiendrait jamais rien en restant chez elle. Mais ce n'était pas la vie qu'elle méritait. Dans sa belle robe que sa mère lui avait cousu - habille toi comme qui tu veux être, non comme qui tu es, lui avait-elle tant répété -, elle entra dans un petit passage non surveillé qu'elle avait repérer quelques jours auparavant. Et c'était comme si elle passait dans un autre monde. Les décors riches tout autour d'elle l'éblouirent à tel point qu'elle ne savait plus où poser ses yeux. Et quand elle s'habitua enfin à cette clarté qu'elle n'avait jamais eu l'occasion d’apercevoir, ses yeux tombèrent tout de suite sur la plus belle personne qu'elle avait eu la chance de rencontrer. De bas en haut, elle l'observa. Il était beau, il avait l'air fort, et sa tenue lui indiquait qu'il était un chevalier. Un chevalier pour elle. A pas de loup, elle s'approcha de lui, lui attrapant ensuite le bras d'une main légère pour attirer son attention. « bonjour ! » lui dit-elle avec un petit sourire. Elle n'était pas la plus grande charmeuse, mais elle connaissant les politesses de base. « vous êtes vraiment magnifique ! » Mais elle avait rarement eu la possibilité d'aller plus loin que la salutation.

« Bonjour mademoiselle. Excusez moi, mais j'ai du travail. Mais merci, votre compliment me touche. Bonne journée à vous. » Oh non. Elle n'accepterait rien comme excuse. Cet homme, elle l'avait vu, et elle comptait bien l'avoir. Il était beau, après tout, et il avait l'air d'avoir de l'importance. Et elle aimait ça. Elle aimait pouvoir sentir le pouvoir d'aussi près, elle pouvait même se l'imaginer doux et lisse sous ses doigts. Elle avait tellement envie de le serrer contre elle. Le pouvoir, pas l'homme. Il ne serait qu'un outil. Elle le voyait presque fuir. Mais était-il en homme pour fuir aussi facilement devant une femme ? Elle accéléra elle aussi, pour ne pas le perdre de vue. Et une fois qu'elle se retrouva a son niveau, elle serra son bras comme un aigle tiendrait sa proie. « non ! ne partez pas, j'ai besoin de vous ! » Elle essaya de faire sa moue la plus suppliante, une de celles dont on ne pouvait pas résister. « je... je... je me suis perdue ! est ce que vous pouvez m'aider à retrouver mon chemin ? » Le mensonge. C'était mal, mais si c'était sa seule solution pour l'obtenir... « puis-je connaître votre nom ? »